Face à l’avancée des talibans, Kaboul a demandé une assistance militaire à New Delhi

Si, en Afghanistan, les talibans ont pu prendre le pouvoir à partir de 1996, c’est en partie grâce au Pakistan. Et cela pour au moins deux raisons. En effet, pour Islamabad, il s’agissait de sécuriser son approvisionnement en gaz natural en provenance du Turkmenistan [projet CentGas] et de s’assurer d’une certaine profondeur stratégique face à son ennemi de toujours, à savoir l’Inde. Et ce soutien ne s’est pas démenti par la suite, ce qui n’a pas été sans provoquer quelques frictions avec les États-Unis.

Cela étant, et depuis la chute des talibans, consécutive de l’intervention militaire américaine d’octobre 2001, l’Inde a amorcé un rapprochement diplomatique avec les nouvelles autorités afghanes. Ce qui s’est traduit, en 2011, par la signature d’un accord de partenariat stratégique entre New Dehli et Kaboul, en particulier dans les domaines de la sécurité, de l’économie, de l’exploitation minière et des échanges culturels. Pour le gouvernement afghan, il s’agissait, déjà à l’époque, d’anticiper le retrait des forces de l’Otan. Ou du moins, la fin annoncée de leurs opérations de combat.

Par la suite, et dans le cadre de ce partenariat, l’Inde a donné à l’Afghanistan quatre hélicoptères d’attaque Mil Mi-24V [ou Mi-35 « Hinde »], acquis auprès de la Biélorussie. Ces appareils ont été livrés à la force aérienne afghane en 2019.

Mais, visiblement, ils n’auront été d’aucun secours pour empêcher les talibans de s’emparer de Kunduz [la capitale de la province du même nom], le 8 août. Et l’un d’eux a même été capturé par les insurgés, comme en témoigne une photographie diffusée via les réseaux sociaux. D’ailleurs, le cliché explique pourquoi ces appareils n’ont pas pu être utilisés : celui que l’on peut y voir n’a plus de rotor, faute, a priori, de pièces détachées….

Quoi qu’il en soit, et alors que les États-Unis ont l’intention d’avoir achevé le retrait de leurs troupes d’ici au 31 août prochain et que le soutien aérien qu’ils apportaient jusqu’ici aux forces afghanes est incertain au-delà de cette échéance, Kaboul a demandé un appui militaire à New Delhi.

C’est en effet ce qu’a rapporté le quotidien indien The Print, ce dernier ayant précisé que la requête afghane portait notamment sur un « soutien robuste » de l’Indian Air Force [IAF] à la force aérienne afghane. Soutien pouvant passer par des frappes aériennes contre les talibans, mais aussi et surtout par des missions de renseignement et de transport. Cette « question a été évoquée lors d’un récent appel téléphonique entre le ministre afghan des Affaires étrangères, Mohammed Haneef Atmar, et son homologue indien, S. Jaishnakar », assure le journal.

Déjà, en juillet, l’ambassadeur d’Afghanistan en poste à New Delhi, Farid Mamundzay, avait plaidé en faveur d’un tel appui. « Les talibans ont le même équipement et les mêmes armes que nous. Notre supériorité réside dans le soutien aérien. […] Nous appelons tous les pays responsables de la région, y compris la Russie, l’Iran et l’Inde, à nous fournir le soutien aérien nécessaire », avait-il confié au quotidien The Hindustan Times.

« Si nous arrivons à un stade où la guerre est imposée aux Afghans, alors nous nous tournerons vers l’Inde pour obtenir une assistance militaire et sécuritaire pour protéger notre peuple et combattre les groupes terroristes. Nous n’en sommes pas encore à ce stade, nous donnons toujours une chance à la paix », avait cependant affirmé M. Mamundzay. Depuis, la situation s’est considérablement dégradée… D’où l’appel des autorités afghanes évoqué par The Print.

Seulement, on voit mal comment l’Inde pourrait répondre favorablement à une telle demande… étant donné que l’IAF devrait survoler le Pakistan ou la Chine pour rejoindre l’Afghanistan. Ce qui est impensable, à moins d’envisager un sérieux détour. Qui plus est, avance The Print, il n’est pas question pour New Delhi de déployer des troupes en Afghanistan. En revanche, les autorités indiennes songeraient à apporter un soutien dans les domaines de la « maintenance du matériel militaire, de la fourniture de pièces de rechange et de la formation ».

Photo : Twitter | @JosephHDempsey

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