La Marine nationale a repéré les épaves présumées de deux de ses sous-marins coulés en 1915

Dans son compte-rendu des opérations menées du 16 au 22 juillet, l’État-major des armées [EMA] a dressé le bilan de la mission effectuée par le Bâtiment base des plongeurs démineurs [BBPD] Pluton en Méditerranée orientale et en mer Adriatique durant près de deux mois.

Après avoir participé, en Israël, à l’exercice multinational Noble Melinda, centré sur la guerre des mines et l’intervention contre les engins explosifs improvisés [EEI ou IED] en milieu marin, le BBPD Pluton a mis le cap vers les côtes libanaises, puis albanaises et monténégrines, avec la mission de repérer des munitions « historiques » près des approches maritimes de ces pays.

En Albanie, grâce à son robot sous-marin autonome Alister 9 d’ECA Robotics et à ses plongeurs-démineurs [PLD], le Pluton a ainsi découvert l’équivalent de 1,5 tonne de munitions datant de la Seconde Guerre Mondiale et de la période soviétique.

En outre, il a contribué à l’examen de l’épave d’un dragueur de mines qui, échoué en 2009, obstrue un quai de la base navale de Pashaliman, laquelle fut, par le passé, au centre de tensions entre Tirana et Moscou durant la Guerre Froide, des sous-marins soviétiques y ayant été basés [*]. « Bien que le renflouage et le démantèlement ne puissent être conduits que par une société spécialisée, l’expertise des PLD français a permis de définir trois options de travail avec des plans d’actions associés », a expliqué la Marine nationale.

Mais cette mission aura également eu une dimension historique. En effet, au large du Monténégro, le BBPD Pluton a rendu un hommage aux marins du contre-torpilleur « Dague », coulé le 24 février 1915 port de Bar [Antivari à l’époque] alors qu’il escortait, avec le « Faulx », son « sister ship », le cargo britannique Whitebread, chargé de livrer du matériel au gouvernement monténégrin.

Ce navire, qui passait pour être l’un des plus rapides de son temps, fut touché par une mine dérivante. L’explosion le disloqua en deux parties. Si la proue coula rapidement, la poupe se redressa presque à la verticale, ce qui empêcha de mettre les canots de sauvetage à l’eau. Si le Faulx put sauver une partie de l’équipage, 38 marins français y laissèrent la vie. Le naufrage de ce contre-torpilleur marqua la première perte de la marine française en Adriatique… qui en subira d’autres…

Comme celle du sous-marin Monge [classe Pluviôse]. Le 29 décembre 1915, affecté à Brindisi [Italie] pour patrouiller en mer Adriatique, ce bâtiment de 550 tonnes [en plongée] tenta de torpiller le croiseur autro-hongrois « Helgoland » à sa sortie des bouches de Cattaro [ou de Kotor] au large du Monténégro. Seulement, est éperonné par sa cible, il fut contraint à faire surface à cause d’une voie d’eau. Pris sous le feu ennemi, son commandant, le lieutenant de Vaisseau Roland Morillot, fit évacuer l’équipage, lequel fut recueilli par les torpilleurs « Czepel » et « Balaton ». Mais, décidé à saborder son navire, il resta à bord, de même que deux quartiers-maîtres.

« La cannonade a cessé et, à la lumière des projecteurs, on voit le Monge s’enfoncer de nouveau et disparaître : Morillot a voulu que son navire ne pût tomber aux mains de l’ennemi et, resté à bord, il s’est englouti volontairement avec lui », a résumé le commandant Thomazi.

Depuis, et si l’on connaît le secteur où à sombré le Monge, on ignore la position exacte de son épave. Du moins était-ce le cas avant la mission du BBPD Pluton au large de côtes monténégrines. En effet, selon la Marine nationale, celle-ci aura permis d’expertiser les restes présumés du Monge… ainsi que ceux d’un second sous-marin perdu à la même époque, à savoir le Fresnel.

Appartenant à la même classe que le Monge, ce navire, commandé par le lieutenant de vaisseau René Jouen, se distingua en réussisant à pénétrer dans les bouches de Cattaro, étroites et surtout surveiller de près par la marine austro-hongroise. Mais la chance tourna le 5 décembre 1915, quand, poursuivi par des torpilleurs et un avion, il s’échoua à l’embouchure de la Bojana. Son « pacha » fit évacuer l’équipage avant de faire sauter son bâtiment, qui sera « achevé » au canon par le torpilleur « Warasdiner ».

Dans son communiqué, l’EMA reste toutefois prudent sur la localisation de ces deux navires étant donné qu’il parle de « recueil d’éléments d’authentification » de leurs épaves, lesquelles seraient « possiblement » celles du Monge et du Fresnel. En tout cas, cette mission montre, s’il en était encore besoin, que le devoir de mémoire n’est pas un vain mot au sein des armées…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]