Les six militaires français retenus en Guinée équatoriale ont été libérés après les excuses de Paris

Le 28 juillet, la Cour de cassation a confirmé la condamnation à une peine de trois ans de prison avec sursis, assortie du paiement d’une amende de 30 millions d’euros, prononcée par la cour d’appel de Paris à l’encontre de Teodorin Obiang, vice-président de la Guinée équatoriale [et fils du chef d’État en exercice], pour s’être constitué frauduleusement un patrimoine important en France.

Or, le même jour, assurant une liaison entre Douala [Cameroun] et Libreville, un hélicoptère Fennec des Éléments français au Gabob [EFG], qui, avec six militaires à bord, s’était posé à l’aéroport de Bata pour faire le plein de carburant a été empêché de repartir par les autorités de Guinée Équatoriale.

Aussi, il était tentant de faire un lien avec la condamnation de Teodorin Obiang, d’autant plus que, si des « tracasseries administratives » de ce genre sont monnaie courante [selon l’État-major des armées, ndlr], les raisons avancées par les autorités équato-guinéennes sortaient de l’ordinaire, celles-ci ayant dit soupçonner une « opération d’espionnage et de provocation » française.

« Ils prétendent avoir une autorisation annuelle pour se poser à Bata, mais après vérifications, l’immatriculation de l’appareil ne correspond pas. Il s’agit d’une infraction grave aux règles de l’aviation. Nous pouvons dire que c’est une atteinte à la sécurité de l’État, car c’est un appareil militaire », avait par ailleurs affirmé le chef d’état-major de la force aérienne équato-guinéenne.

On pouvait donc s’attendre à voir cette affaire durer… Mais les choses ont fini par s’arranger, Olivier Brochenin, l’ambassadeur de France en poste à Malabo ayant fait… amende honorable dans les médias locaux.

Ainsi, rapporte RFI, le diplomate a admis « deux erreurs techniques ». La première serait que, pour des « raisons de mauvaise organisation », aucune notification de l’arrivée du Fennec à Bata n’aurait été adressée aux autorités équato-guinéenne dans un délai de 72 heures avant l’atterrisage de l’appareil, comme le prévoit l’autorisation annuelle de survol accordée aux forces françaises.

Quant à la seconde, M. Brochenin a reconnu que l’immatriculation du Fennec ne figurait pas sur la liste d’autorisation, l’appareil devant assurer la mission en question ayant dû être remplacé au dernier moment en raison de soucis techniques.

« En tant qu’ambassadeur, je souhaite présenter mes excuses au gouvernement et aux autorités de Guinée équatoriale, si jamais ces erreurs ont suscité des malentendus », a alors conclu M. Brochenin.

Ces excuses ont-elles été suffisantes? D’autres concessions ont-elles dû être faite? Toujours est-il que les six militaires français ont pu redécoller à bord du Fennec le 30 juillet au soir.

« L’hélicoptère qui était bloqué à Bata vient d’atterrir à Libreville », a en effet déclaré le colonel Pascal Ianni, le porte-parole de l’État-major des armées [EMA], auprès de l’AFP. « Les six militaires se sont posés à vendredi [30/07] à 22H00 », a précisé une autre source militaire française.

Reste que le gouvernement équato-guinéen n’a toujours pas digéré la décision judiciaire concernant Teodorin Obiang, qualifiée de « partiale », de « discriminatoire » et de « farce ». Le 26 juillet, pour des sanctions décidées par le Royaume-Uni contre son M. Obiang pour des faits de corruption, Malabo a fait part de son intention de fermer son ambassade à Londres.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]