Face à la situation en Afghanistan, la Russie renforce son aide militaire au Tadjikistan

Située entre Douchanbé et Bohtar [Tadjikistan], la 201e base abrite actuellement la plus importante formation militaire russe [avec 7’000 soldats, ndlr] en dehors de la Russie depuis un accord signé en 2012 et valable pendant aux moins 30 ans.

Et, depuis, au gré de l’évolution de la situation afghane, les moyens de cette base ont été régulièrement renforcés, comme par exemple en 2015, avec l’envoi d’hélicoptères d’attaque au moment où les talibans lancèrent une offensive contre la ville de Kunduz [nord de l’Afghanistan].

« Les entrainements militaires qui se sont déroulés en Russie au mois de septembre ont préparé les troupes russes à affronter les talibans en Afghanistan, aussi bien que les jihadistes de l’organisation de l’État islamique en Syrie et en Irak », avait alors affirmé Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense.

En effet, les dirigeants russes redoutent une contagion jihadiste en Asie centrale, en particulier au Kirghizstan, en Ouzbékistan et au Tadjikistan, via la vallée de Ferghana, laquelle est une « zone grise » susceptible d’abriter des groupes terroristes et criminels. Ce qui, par conséquent, ne pourrait qu’alimenter un risque de déstabilisation dans le proche environnement de la Russie.

Évidemment, l’avancée – rapide – du mouvement taleb afghan, consécutive au retrait des forces américaines et de celle de l’Otan, a de quoi raviver les inquiétudes à Moscou, d’autant plus que, à en croire les rapports des Nations unies, al-Qaïda en profiterait pour regagner l’Afghanistan.

« Les talibans et al-Qaïda restent étroitement alignés et ne manifestent aucune velléité de rompre les liens. Les États Membres ne signalent aucun changement concret, au niveau du resserrement de ces relations, à la suite d’alliances matrimoniales et de combats communs, renforcés par des liens de deuxième génération », a ainsi récemment souligné l’un d’entre-eux.

Face à cette situation, ce 28 juillet, la Russie a donc annoncé son intention de renforcer son aide militaire au Tadjikistan. « Le retrait hâtif des forces étrangères y a provoqué une détérioration rapide de la situation et une explosion des activités terroristes » en Afghanistan, a déclaré M. Choïgou. Aussi, « le travail commun visant à neutraliser les menaces en provenance de l’Afghanistan voisin est aujourd’hui devenu prioritaire », a-t-il justifié.

Cette aide prendra la forme de « livraisons supplémentaires gratuites d’armements et d’équipements russes à l’armée tadjike » et Moscou fera « tout le nécessaire », pour assurer l’entraînement » de cette dernière, a indiqué Sergueï Choïgou. La Russie est prête à « apporter toute l’assistance nécessaire à nos amis tadjik », a-t-il insisté.

Cette annonce survient un peu plus d’un mois après que le Tadjikistan a demandé l’assistance de l’Organisation du traité de sécurité collective [OTSC] pour assurer la sécurité de la frontière de 1300 km qu’il partage avec l’Afghanistan. Dans le même temps, Douchambé a battu le rappel de 20’000 réservistes pour faire face à la situation.

« En raison de la situation actuelle dans la région, de l’éloignement et du terrain montagneux de certaines parties de la zone frontalière avec l’Afghanistan, faire face à ce défi seuls nous semble difficile », avait expliqué Hassan Soultonov, le représentant du Tadjikistan auprès de l’OTSC.

Par ailleurs, du 5 au 10 août, les forces russes participeront à un exercice militaire impliquant les troupes tadjikes et ouzbèkes, à Kharb-Maïdon, un terrain d’entraînement situé près de la frontière avec l’Afghanistan.

La base 201 y a déjà envoyé des chars T-72, dont les équipages se sont attachés à mettre en place des « points de commandement », à « aménager des positions de tirs » et à « camoufler leurs équipements », selon un communiqué du ministère russe de la Défense, lequel a précisé que ces manoeuvres mobiliseront également des « forces spéciales », des unités d’artillerie de montage ainsi que des spécialistes de la défense NRBC [nucléaire, radiologique, biologique, chimique] et de la guerre électronique.

Le scénario de cet exercice est très clair. « Lors de la phase finale, la destruction des groupes terroristes radicaux au passage de la frontière de l’État aura lieu », a en effet indiqué Moscou.

Photo : Ministère russe de la Défense

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