Lockheed-Martin a perdu 225 millions de dollars à cause de difficultés relatives à un « programme secret »

Les résultats du second trimestre qu’a présentés Lockheed-Martin le 26 juillet ont déçu les analystes financiers. Si son chiffre d’affaires a progressé de 5% pour atteindre les 17,03 milliards de dollars, grâce à sa division « Espace » [+10%] et ses activités dans le domaine des missiles [+5,1%], le groupe a dû cependant inscrire dans ses comptes une perte de 225 millions de dollars, liée à des « problèmes de performance » rencontrés dans un programme « aéronautique » classé « secret défense ».

En clair, il s’agit d’un « black program » qui, financé par le Pentagone, est actuellement mené par la division « Skunk Works » du groupe. Par le passé, celle-ci a notamment développé les avions de reconnaissance U-2 « Dragon Lady » et SR-71 Blackbird, ainsi que le chasseur-bombardier « furtif » F-117 « Nightawk » et, plus récemment, le drone RQ-170 Sentinel.

« Nous avons un contrat de développement qui, selon nous, sera couronné de succès du point de vue du calendrier et des performances et qui se transformera finalement en programme de production. Et nous pensons également qu’il existe des opportunités supplémentaires », a commenté Kenneth Possenriede, le directeur financier de Lockheed-Martin. « Ce sera un excellent programme pour nos clients – et je parle de tous les clients qui vont l’utiliser – et ce sera un bon programme pour Lockheed Martin », a-t-il ajouté, sans en dire davantage.

« Le potentiel à long terme de cette solution est important pour l’entreprise », a, de son côté, affirmé James D. Taiclet, le Pdg du groupe américain.

Ce programme classé « secret défense » pourrait être le NGAD [Next Generation Air Dominance], qui consiste à développer un avion de 6e génération placé au centre d’un « système de systèmes ». Cela étant, il n’est plus tout a fait confidentiel, même si cet appareil n’a jamais été dévoilé au public [l’US Air Force a seulement diffusé une image conceptuelle dont on ignore si elle vraiment représentative, ndlr]. En septembre 2020, Will Roper, secrétaire adjoint à l’US Air Force, chargé des acquisitions, de la technologie et de la logistique, avait annoncé qu’un démonstrateur avait volé pour la première fois, affichant des performances ayant dépassé les espérances.

Outre le NGAD, la division Skunk Works travaillerait sur deux autres programmes. L’un, évoqué en 2013, viserait à mettre au point un nouvel avion de reconnaissance, dans la lignée du SR-71 Blackbird. L’autre, appelé TR-X [pour tactical reconnaissance], consisterait à développer un successeur à l’U-2.

Quoi qu’il en soit, et selon les responsables de Lockheed-Martin, les programmes confidentiels n’ont cessé de prendre de l’importance dans l’activité du groupe, au point que M. Possenriende a dit s’attendre à ce qu’ils finissent par constituer « la plus grande partie de son activité aéronautique ».

En 2018, le magazine Flight Global avait révélé que la division Skunk Works embauchait à tour de bras, son effectif devant alors augmenter de 33%. Et de souligner, à l’époque, que son chiffre d’affaires avait atteint le milliard de dollars, soit un niveau analogue au moment où le F-117 Nighthawj était entré en production.

Photo : le NGAD? © US Air Force

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