La DGA mise sur une solution innovante pour entraîner les pilotes à détecter les tirs de missiles sol-air

Ces dernières années, plusieurs aéronefs ont été touchés par des missiles sol-air légers de type MANPADS [Man-portable air-defense systems], comme le 9K-338 IGLA-S russe, le Stinger américain ou le MISTRAL français. Et ce sont les hélicoptères qui ont payé le plus lourd tribut à cette menace, comme en Syrie et, plus récémment, en Arménie [un Mil Mi-24 russe y a été abattu en marge du conflit au Haut-Karabakh] et en Afghanistan [un Mil Mi-17 ayant été victime d’une milice chiite].

Au Levant, des chasseurs-bombardiers français ont été visés par de tels missiles, comme l’avait raconté un pilote de Mirage 2000D dans les colonnes du journal Le Parisien, en 2015. Ce qui fut confirmé par la suite par le général André Lanata, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air [et de l’Espace]. En Libye, lors de l’opération Harmattan, cette menace était d’autant plus importante que les forces françaises étaient opposées à une armée régulière. Ainsi, un avion de patrouille maritime Atlantique 2 faillit en faire les frais, selon le témoignage du capitaine de frégate Jean-Marc Molina [*].

Pour parer ce risque, les aéronefs sont généralement dotés d’un système MAWS [Missile Approach Warning System], soit un dispositif permettant d’alerter l’équipage sur la présence potentielle d’un missile, via la détection d’émissions infrarouges suspectes. Ce qui peut donner lieu au lancement de leurres [flares] pour écarter la menace. Mais le mieux est de pouvoir être en mesure de détecter au plus tôt le départ d’un missile afin de prendre rapidement les mesures de protection.

« Les missions opérationnelles à basse et moyenne altitude en territoire hostile exposent aujourd’hui les forces aériennes à une menace sol-air plus dangereuse. Les scenarii d’entrainement, de plus en plus complexes et réalistes, nécessitent de pouvoir simuler visuellement le départ d’un missile sol-air », explique ainsi la Direction générale de l’armement [DGA].

D’où le marché qui vient d’être notifié à la jeune entreprise innovante HyPr Space [pour Hybrid Propulsion For Space] par le pôle d’innovation technique Alienor, co-piloté par le centre d’expertise DGA Essais de missiles. Il doit en effet permettre aux « militaires chargés d’assurer l’appui aérien » de « s’entrainer à la détection rapide d’un tir de missile ennemi avec un système français ».

« D’un montant de 90’000 euros, le contrat […] porte sur le développement d’une solution innovante permettant de simuler visuellement le départ d’un missile sol-air en générant de la fumée au profit du Centre d’expertise aérienne militaire [CEAM] de Mont-de-Marsan, un des membres d’Alienor », détaille la DGA.

Contrairement aux moyens actuels de simulation de tir d’un missile-sol-air, la solution commandée à HyPr Space fonctionne sans pyrotechnie, ce qui va en simplifier l’utilisation. En effet, elle repose sur un « système générateur de fumée blanche engendrée par un système propulsif non pyrotechnique et sans émission de CO2 ».

Au-delà de l’aspect « écologique », ce nouveau dispositif permettra aux équipages de s’entraîner n’importe où [et non plus uniquement sur les champs de tir]. En outre, il présente l’avantage d’être « plus adapté aux menaces actuelles sol-air très courte portée », tout en étant plus économique et plus sûr à mettre en oeuvre.

Pour rappel, la communauté d’innovation [ou « cluster »] Alienor a été créée sur l’Aérocampus d’Aquitaine en 2019, à l’initiative de la DGA, avec l’objectif d’activer « l’écosystème local pour capter l’innovation ouverte en s’appuyant sur les acteurs régionaux et plus particulièrement sur le pôle de compétitivité Aerospace Valley ».

Quant à HyPr Space, il s’agit d’une entreprise qui, créée en 2019, s’est surtout spécialisée dans la mise au point de moteurs de fusée « hybrides », lesquels réunissent les avantages des technologies de propulsion liquide et solide. L’enjeu de cette innovation est de réduire drastiquement les coûts de mise en orbite.

[*] PATROUILLEURS DU DÉSERT Avec les équipages des Breguet Atlantic et Atlantique 2 (1977-2020) – Capitaine de frégate Jean-Marc Molina – ARDHAN – 22 euros

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]