Le groupe turc Baykar dévoile le concept d’un drone de combat pour les opérations aéronavales

À ce jour, seule l’US Navy a réussi à mettre en oeuvre un drone de combat – à savoir le démonstrateur X-47B de Northrop Grumman – à bord d’un porte-avions, c’est à dire à le catapulter, à le « ramasser » et l’insérer dans les opérations aériennes d’un groupe aérien embarqué. Depuis, il est désormais question d’en faire de même, mais avec un le MQ-25 Stingray lequel sera principalement utilisé pour des missions de ravitaillement en vol.

De son côté, la Royal Navy étudie également la possibilité de se doter d’une telle capacité, via le programme Vixen. Mais cela nécessitera d’installer au moins une catapulte [probablement électromagnétique] sur ses porte-avions HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales, ces derniers en étant dépourvus. En outre, cela suppose de maîtriser des savoir-faire que la marine britannique a abandonnés depuis très longtemps…

En France, on suppose que la Marine nationale nourrit aussi de telles ambitions, en particulier dans le cadre du programme SCAF [Système de combat aérien du futur] étant donné que celui-ci s’appuiera sur une nouvel avion de combat [le New Generation Fighter] ainsi que sur des drones et des effecteurs connectés.

À noter qu’il est aussi prêté l’intention à la Chine de développer une telle capacité, avec le drone de combat « Lijian », quand son troisième porte-avions sera opérationnel. Pour rappel, ce dernier, à la différence de ceux qui l’ont précédé, sera en configuration CATOBAR, c’est à dire muni de catapultes et de brins d’arrêt.

Cependant, si la Royal Navy pourra bénéficier éventuellement de l’expérience de sa cousine américaine, il n’en ira évidemment pas de même pour la marine chinoise, qui aura tout à apprendre [ou presque] pour réussir à utiliser un drone de combat embarqué à bord d’un porte-avions. Mais comme on le dit, « là où il y a une volonté, il y a un chemin »…

Mais celui-ci sera étroit et escarpé pour la marine turque, qui envisage aussi de mettre en oeuvre des drones de combat depuis le TCG Anadolu, un navire d’assaut amphibie dont il était question d’en faire un porte-aéronefs, grâce à l’acquisition d’avions de combat F-35B, à décollage court et à atterrissage vertical [STOVL].

Or, depuis que la Turquie a été exclue du programme F-35 par l’administration Trump [qui a également imposé des sanctions à son industrie de la défense], ce plan est tombé à l’eau… D’où l’idée de transformer le TCG Anadolu en « porte-drones ». Ce qui n’a jamais été fait jusqu’à présent.

« Nous pensons que des drones de différentes tailles, capables de décoller et d’atterrir [sur un navire] et ayant la capacité de frapper si nécessaire, devraient être déployés sur le TCG Anadolu », avait en effet expliqué Ismail Demir, le responsable des industries turques de défense, en février dernier.

Pour cela, il était envisagé de developper le Bayraktar TB3, c’est à dire une version navale du drone de combat TB2, produit par l’entreprise Baykar Defence. En mai, une image montrant le TCG Anadolu avec un tel appareil sur son pont d’envol a été diffusée via les réseaux sociaux. Mais, a priori, la Turquie a une ambition encore plus élevée…

Ainsi, le 20 juillet, Baykar Defence a dévoilé le concept « MIUS », c’est à dire un système de drones de combat futifs pouvant opérer depuis le TCG Anadolu… Et donc décoller grâce à un plan incliné.

Selon les explications données par Haluk Bayraktar, le Pdg de Baykar Defence, ce drone sera doté d’une « intelligence artificielle » qui lui permettra de « prendre certaines décisions par lui-même ». En outre, il sera en mesure de voler à une « vitesse de croisière proche de celle du son » [Mach 1] et aura une capacité d’emport en soute de près de « 1,5 tonne ». Et d’ajouter : « Nous le ferons décoller du TCG Anadolu sans l’aide d’une catapulte. Il pourra atterrir sur le navire à l’aide brins d’arrêt et d’une crosse ». Le premier vol est prévu en 2023…

Au-delà de l’effet d’annonce et des défis inhérents aux opérations aéronavales, Baykar Defence aura à surmonter plusieurs obstacles, à commencer par celui concernant la motorisation du MIUS… Pour rappel, le projet d’avion de combat de 5e génération porté par Turkish Aerospace n’en a pas pour le moment, à moins que Washington n’autorise la livraison de moteurs General Electric F-100 ou qu’Ankara se tourne vers Moscou…

Photos : Baykar Defence

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