En route vers la Russie, deux navires militaires iraniens ont été repérés dans la Manche pour la première fois

En juin, deux bateaux iraniens, à savoir la frégate IRIS Sahand et l’IRINS Makran, un ancien pétrolier reconverti en navire polyvalent, furent repérés alors qu’ils longeaient la côte orientale de l’Afrique, en direction du cap de Bonne Espérance… qu’ils franchirent pour naviguer dans l’océan Atlantique. Une première pour la marine iranienne.

Évidemment, un tel mouvement ne manqua pas de soulever quelques interrogations sur leur mission, d’autant plus que, selon l’imagerie satellitaire, la présence de sept vedettes lance-missiles de type Peykaap II fut constatée sur le pont de l’IRINS Makran, qui est le navire le plus imposant de la marine iranienne, avec son déplacement de plus de 110’000 tonnes.

Aux États-Unis, plusieurs responsables, dont Lloyd Austin, le chef du Pentagone, laissèrent entendre que ces deux navires allaient traverser l’Atlantique pour livrer des armes au Venezuela.

« Si l’Iran tentait de transférer des armes ou d’autres équipements illégaux, nous le tiendrions pour responsable, et nous ferions tout notre possible pour tenter de l’éviter avant même que cela se passe », avait d’ailleurs averti Ned Price, le porte-parole de la diplomatie américaine, sans toutefois discuter le droit à la marine iranienne d’envoyer des navires dans l’Atlantique, au nom de la liberté de navigation.

De son côté, jusqu’alors discret sur ses intentions, l’état-major iranien affirma que la mission de l’IRIS Sahand et de l’IRINS Makran visait à démontrer la capacité de la marine à naviguer dans « les mers défavorables et les conditions météorologiques difficiles de l’Atlantique ». Cependant, il maintint un certain flou sur la destination des deux navires, se contentant d’assurer qu’ils allaient longer la côte occidentale de l’Afrique. Restait alors à savoir s’ils emprunteraient le détroit de Gibraltar pour se rendre en Méditerranée, puis en Syrie. Ou s’ils poursuivraient leur route vers le golfe de Gascogne…

Pendant un moment, les deux navires iraniens se seraient attardés pendant au moins une semaine au large du Sénégal. C’est en effet ce qu’affirme USNI News, sur la foi des données du système d’identification automatique [AIS] fournis par le site MarineTraffic.com. « Les transmissions AIS ont parfois été intermittentes et ambiguës, mais les experts du renseignement en sources ouvertes ont été en mesure de garder une trace de leur parcours », écrit-il.

Cela étant, un début de réponse sur leur destination a été donné le 13 juillet, par Mahdi Bakhtiari, de l’agence de presse « semi-officielle » Tasnim. En effet, celui-ci a affirmé que l’amiral Hossein Khanzadi, le chef d’état-major de la marine iranienne, se rendrait à Saint-Petersbourg, pour assister à la parade navale organisée à l’occasion du 325e anniversaire de la marine russe.

Effectivement, les données de suivi de navigation et l’imagerie satellitaire montrent que les deux bâtiments iraniens naviguent actuellement dans la Manche, après avoir été suivis par au moins un navire français, a priori la frégate Latouche-Tréville. Logiquement, ils devraient donc se diriger vers la mer du Nord, puis vers la Baltique. Ce qui sera, là encore, une première.

Cette parade navale aura lieu le 25 juillet [et non le 3 août, comme l’a affirmé Mahdi Bakhtiari]. Elle réunira  » 200 navires de guerre de différentes classes », dont trois sous-marins nucléaires [le K-266 Orel, appartenant à la classe Oscar II, le SNLE K-549 Knyaz Vladimir et le SNA K-157 Vepr]…. et la frégate pakistanaise PNS Zulfiqar.

Pour rappel, l’IRINS Makran a été mis en service en janvier 2021. Doté de capacités de guerre électronique, il est en mesure de mettre en oeuvre des hélicoptères et des drones ainsi que des sous-marins de poche. En outre, et selon la presse iranienne, il dipose d’un « ensemble d’armes et de missiles », comme les engins Qadir et Abu Mahdi, lesquels ont une portée allant de 300 à 1’000 km.

Photo : archive

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