Le général Lecointre évoque une capacité intermédiaire entre les forces spéciales et « conventionnelles »

Alors que, ces dernières années, leur format a été revu à la hausse, avec notamment la création des commandos marine « Kieffer » et « Ponchardier » ainsi qu’avec l’intégration du Commando Parachutiste de l’Air [CPA] n°30, les forces spéciales sont pratiquement sur tous les fronts, comme au Levant [« Task Force » Hydra] et, bien évidemment, au Sahel [TF Sabre et Takuba].

C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] dans un entretien donné au quotidien Le Monde, à quelques jours de ses adieux aux armes.

Au Sahel, avec la fin annoncée de l’opération Barkhane, les « forces spéciales vont être mises à contribution de deux manières. D’abord à travers la task force Takuba, qui est essentiellement composée de forces spéciales européennes », ensuite via la « task force Sabre », qui « cencentre son action sur la désorganisation des commandements ennemis en s’attaquant à des cibles à haute valeur ajoutée, en les neutralisant ou en les capturant », a-t-il expliqué.

Pour rappel, dans les mois à venir, la mission des forces françaises au Sahel se déclinera selon trois axes : la traque des chefs jihadistes, comme l’a indiqué le CEMA, l’accompagnement au combat, par le groupement européen de forces spéciales « Takuba », des armées locales, et le soutien à ces dernières dans certains domaines clés, comme l’appui aérien, l’évacuation sanitaire ou encore le renseignement.

« L’accompagnement au combat expose davantage au risque. C’est un travail que l’on a déjà fait en Afghanistan et que l’on veut refaire », a dit le général Lecointre. Mais, a-t-il continué, « comme les forces spéciales ne sont pas des bataillons extensibles à l’infini, à un moment, il faudra envisager de faire faire ce travail par des forces conventionnelles ». Aussi, selon lui, et même « si on n’est pas encore là aujourd’hui, il « faut observer ce que font les Britanniques ou les Américains avec des forces intermédiaires, par exemple avec les Rangers ».

Outre-Atlantique, le 75th Rangers Regiment, qui une unité d’infanterie légère, fait partie des « forces d’opérations spéciales » [SOF] de l’US Army. Contrairement au « Bérets verts » des « Special Forces Group » [SFG], les Rangers agissent généralement en unités constituées pour mener des opérations considérées ou non comme étant « spéciales ».

En mars dernier, la British Army a annoncé la création d’un régiment de « Rangers », sur le modèle américain, à partir de quatre unités existantes, dont le Royal Scots Borderers [1 SCOTS], le Princess of Wales’s Royal Regiment [2 PWRR], le 2nd Battalion the Duke of Lancaster’s Regiment [2 LANCS] et le 4th Battalion The Rifles [4 RIFLES]. Cette unité doit faire partie d’une nouvelle brigade d’opérations spéciales, « capable d’opérer discrètement dans des environnements à haut risque et d’être rapidement déployable à travers le monde », notamment pour « aider les pays alliés à assurer la défense et la sécurité ».

L’armée de Terre dispose déjà d’unités se trouvant à mi-chemin entre les forces conventionnelles et les forces spéciales. C’est, par exemple, le cas du Groupement des commandos parachutistes [GCP] et celui du Groupement des commandos de montagne [GCM]. Mais l’un comme l’autre n’ont pas l’effectif suffisant pour former un régiment constitué, à l’image de celui qu’entend créer la British Army.

À noter que cette dernière s’est également inspirée de l’US Army en annonçant la formation d’une « Brigade d’assistance aux forces de sécurité », dont le modèle est calqués sur le modèle de la « Security Force Assistance Brigade » [SFAB] de son homologue américaine.

Cette brigade sera « composée de quatre bataillons d’infanterie, avec les moyens et les compétences nécessaires pour renforcer les capacités des pays partenaires. Si nécessaire, elle opérera aux côtés des forces locales, les soutenant et leur donnant accès à des capacités qui peuvent leur manquer », explique la British Army.

Une unité de ce type aurait sans doute son utilité au Sahel étant doné qu’il s’agit d’accompagner les armées locales au combat… Mais en créer une n’est a priori pas d’actualité en France. Du moins, le général Lecointre n’a pas évoqué cette éventualité.

Photo : GCM /  Barhane © EMA

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