Pour Mme Parly, le développement rapide de l’arsenal nucléaire chinois « soulève des questions »

D’après une récente évaluation l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [Sipri], l’arsenal nucléaire chinois compterait 350 armes nucléaires, soit un chiffre en hausse de 20% en l’espace de seulement deux ans. De son côté, l’an passé, le Pentagone a estimé que Pékin avait l’ambition de doubler ses capacités nucléaires d’ici la fin de cette décennie.

Ce qui ne serait pas surprenant dans la mesure où le Global Times, quotidien proche du Parti communiste chinois, a plaidé en ce sens à plusieurs reprises au cours de ces cinq dernières années. En outre, selon l’imagerie satellitaire, il est apparu que la Chine est actuellement en train de construire plus d’une centaine de silos susceptibles d’accueillir des missiles sol-sol balistiques DF-41 et DF-31AG [dont la portée serait de 14’000 km].

Ambassadeur des États-Unis à la Conférence de Genève sur le désarmement, Robert Wood a fait part de la « préoccupation » de Washington au sujet de développement rapide de l’arsenal nucléaire chinois. « Il est de l’intérêt de tout le monde que les puissances nucléaires discutent directement entre elles de la réduction des dangers nucléaires et [de la façon] d’éviter les mauvais calculs », a-t-il dit à la presse, le 8 juillet.

« Tant que la Chine ne s’assiéra pas avec les États-Unis de manière bilatérale, le risque d’une course aux armements dévastatrice continuera à augmenter et ce n’est de l’intérêt de personne », a encore insisté M. Wood. D’autant plus, a-t-il continué, que « ce pays [la Chine] prétend être une « puissance nucléaire responsable » et que son « très, très petit [arsenal] n’a qu’un but défensif ». Or, a-t-il conclu, « quand vous vous voyez beaucoup de ce que la Chine fait, cela est en contradiction avec ce qu’elle dit ».

Visiblement, la France, qui maintient moins de 300 armes nucléaires déployées, partage les mêmes inquiétudes que les États-Unis. Du moins, c’est ce qu’a affirmé Florence Parly, la ministre des Armées, devant l’Atlantic Council, à l’occasion de son déplacement à Washington, le 9 juillet.

Ainsi, pour Mme Parly, et au-delà de leur « coopération opérationnnelle », la France et les États-Unis partagent une « analyse commune des menaces et des enjeux stratégiques » auxquels ces deux pays sont confrontés. Et de citer le cas de la Chine.

« Si sa doctrine nucléaire publique reste centrée sur le non emploi en premier, le développement rapide de sa dissusion soulève des question. Et c’est un argument parmi tant d’autres qui appelle au maintien d’une doctrine de dissuasion forte et claire tant à Washington qu’à Paris », a affirmé Mme Parly au sujet de la Chine.

Par ailleurs, la ministre française a également estimé que « l’intention de la Chine d’exercer une plus grande influence sur la scène mondiale a déclenché des effets perturbateurs et modifie les équilibres d’une façon qui pourrait être préjudiciable à nos propres intérêts », a-t-elle affirmé. « L’extension de ses ambitions au-delà de sa périphérie régionale, ses investissements conséquents dans les forces armées opérationnelles à vocation expéditionnaire, la construction de sa base navale à Djibouti ou le développement de son l’arsenal balistique et de ses capacités navales ont changé la portée et la nature du défi » qu’elle représente, a-t-elle fait valoir.

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