Sahel : M. Macron justifie l’évolution de l’engagement militaire français et en précise les modalités

Le 10 juin, le président Macron a annoncé que l’engagement militaire français au Sahel contre les groupes jihadistes au Sahel prendrait d’ici peu une nouvelle forme, la force Barkhane étant appelée à s’effacer au profit du groupement européen de forces spéciales Takuba, dont la mission est d’accompagner les armées locales au combat. Et de préciser que l’effectif engagé – qui s’élève actuellement à plus de 5’000 militaires – allait être réduit de moitié.

Le lendemain, la ministre des Armées, Florence Parly, s’est attachée à dissiper ce qui pouvait donner lieu à un malentendu. « La France reste engagée militairement au Sahel, de manière significative, et elle va faire évoluer sa présence », a-t-elle dit à l’antenne de France Info. « L’objectif demeure, ce qui change, c’est l’approche », a-t-elle insisté. « Nous avons toujours dit que Barkhane n’était pas éternel et que notre dispositif devait sans cesse varier ses effets face à des groupes terroristes qui s’adaptent sans cesse », a-t-elle ensuite expliqué.

Quoi qu’il en soit, les pays du G5 Sahel [Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Tchad], dont certains sont en proie à l’instabilité politique, ont pu être pris de court par les annonces de M. Macron… Aussi, ce 9 juillet, celui-ci leur a donné les détails de la nouvelle approche de la France au Sahel.

Ainsi, lors d’une conférence de presse donnée au côté de Mohamed Bazoum, le nouveau président du Niger, Emmanuel Macron a expliqué que « nos adversaires ont aujourd’hui délaissé une ambition territoriale au profit d’un projet de dissémination de la menace plus seulement à l’échelle du Sahel, mais à l’échelle de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest ». Et, a-t-il continué, « cette offensive présage malheureusement d’une pression renforcée sur l’ensemble des pays du golfe de Guinée qui est d’ores et déjà une réalité ».

Or, le chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel [UNOWAS], Mahamat Saleh Annadif a dit la même chose lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le 8 juillet.

« Les défis sécuritaires créés par les actes terroristes dans le Liptako-Gourma [région à la frontière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger] et dans le bassin du Lac Tchad ainsi que par la criminalité le long des côtes du golfe de Guinée doivent être abordés sous l’angle régional car les risques d’une jonction entre la menace venant de la mer et celle venant du Sahel sont réels, et les principales victimes sont les populations civiles », en effet affirmé M. Annadif.

Pour faire face à cette situation, l’engagement militaire français au Sahel s’articulera autour de deux missions, a indiqué M. Macron? La première sera [ou restera] « la neutralisation et la désorganisation du haut commandement des des organisations ennemies » que sont le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, lié à al-Qaïda] et l’État islamique au grand Sahara [EIGS], contre lequel Barkhane a récemment porté de rudes coups en éliminant plusieurs de ses cadres lors de l’opération Solstice. La seconde consistera à appuyer « la montée en puissance des armées de la région ». Ce que fait actuellement Takuba ainsi que la mission européenne EUTM Mali.

Évidemment, avec moins d’effectifs sur le terrain, le nombre de bases avancées va forcément diminuer. Ainsi, d’ici le début de l’année 2022, trois emprises de Barkhane au Mali seront fermées, dont celles de Kidal, de Tessalit et de Tombouctou. Dans le même temps, la base aérienne projetée [BAP] de Niamey [Niger], d’où décollent les Mirage 2000 et les drones MQ-9 Reaper, sera « musclée », a précisé M. Macron. Quant à celle de N’Djamena [Tchad], elle « restera un élément clé de notre dispositif, avec le maintien d’une présence aérienne et terrestre significative », a-t-il ajouté.

Ainsi, il s’agira pour les forces françaises de maintenir certaines capacités qui font toujours défaut aux armées locales, notamment dans les domaines de l’aéromobilité, du renseignement et de la santé. Il est question que ces dernières puissent bénéficier de l’appui d’une « force de réaction rapide » en cas de besoin.

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