Le Pentagone renonce à JEDI, son projet de « cloud » informatique confié à Microsoft pour 10 milliards de dollars

Visant à mettre en place un « cloud » pour les besoins du Pengatone , le contrat JEDI [Joint Enterprise Defense Infrastructure] ne pouvait que susciter la convoitise des géants américains des technologies de l’information au regard des dix milliards de dollars d’investissements alors prévus. Une somme nécessaire pour moderniser la totalité des systèmes informatiques utilisés par les forces armées américaines.

Présent sur la ligne de départ, Google renonça à soumettre une offre. Confronté à une polémique interne au sujet de ses rapports avec le Pentagone, le groupe de Mountain View expliqua qu’il n’avait pas obtenu l’assurance que le contrat JEDI « serait conforme à ses principes dans le domaine de l’intelligence artificielle ». Puis IBM et Oracle furent ensuite éliminés de la compétion.

Compétition qui allait alors se jouer entre Microsoft et Amazon Web Services, dont le Pdg, Jeff Bezos, était dans le collimateur du président Trump. Cela aura-t-il eu une influence par la suite?

Toujours est-il que, en octobre 2019, le Pentagone annonça avoir choisi Microsoft pour ce projet… Et cela alors qu’Amazon Web Services était donné favori, en raison de ses contrats obtenus auprès de plusieurs organismes fédéraux américains… dont la CIA.

« La Stratégie Nationale de Défense dit que nous devons améliorer la rapidité et l’efficacité avec lesquelles nous développons et déployons des capacités techniques modernisées pour nos femmes et nos hommes en uniforme. […] Cette attribution est un pas important dans l’exécution de la Stratégie de Modernisation Numérique », avait souligné le Pentagone, à l’époque.

Cependant l’affaire n’en resta pas là, Amazon ayant contesté l’attribution de contrat devant la justice. En février 2020, un juge ordonna la suspension de ce juteux contrat, le temps d’examiner le dossier sur le fond. Mais le contrat JEDI ne fera pas son retour : le 6 juillet, le Pentagone a annoncé son annulation pure et simple, confirmant ainsi des rumeurs qui circulaient dans la presse depuis quelques semaines.

« Avec l’évolution de l’environnement technologique, il est devenu clair que ce contrat […], qui a longtemps été retardé, ne répond plus aux exigences pour combler les lacunes en matière de capacités », a fait valoir le Pentagone.

L’explication peut sembler légère… pour un marché d’une telle importance. Probalement faut-il y voir une conséquences des deux cyberattaques massives qui ont affecté les États-Unis au cours de ces dernières semaines. L’une d’elles a d’ailleurs visé la messagerie Microsoft Exchange. Attribuée à des assaillants chinois et qualifiée « d’inhabituellement agressive », elle a affecté moins 30’000 organisations aux États-Unis… tout en ayant des répliques en Europe, et notamment en France.

Quoi qu’il en soit, la transoformation numérique du Pentagone demeure une nécessité. Aussi, un nouveau programme, appelé Joint Warfighter Cloud Capability [JWCC] sera lancé. Mais à la différence du contrat JEDI, il fera appel à plusieurs entreprises. Microsoft et Amazon Web Services seront invités à y participer. « Si nous déterminons que des fournisseurs supplémentaires peuvent également répondre à nos exigences, nous leur adresserons également des sollicitations », a ainsi fait savoir un responsable du département américain de la Défense [DoD].

Cela étant, malgré l’annulation du contrat JEDI qui donnera lieu à une indemnisation, Microsoft resté un fournisseur de premier ordre du Pentagone, ce dernier lui ayant récemment notifié un marché de 22 millards de dollars pour la livraison de casques de réalité augmentée IVAS [Integrated Visual Augmentation System].

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