Un navire de l’Otan coulé par la marine russe ne provoquerait pas une guerre mondiale, assure M. Poutine

La semaine passée, la marine russe a affirmé avoir tiré des coups de semonce en direction « destroyer » britannique HMS Defender, alors que celui-ci naviguait au large de la Crimée, dont l’annexion par la Russie en 2014 n’est pas reconnue par la communauté internationale [voir la résolution 68/262 de l’Assemblée générale des Nations unies].

Cependant, Londres a démenti les affirmations de Moscou. « ous pensons que les Russes se préparaient à un exercice d’artillerie en mer Noire et qu’il en ont averti la communauté maritime. Aucun tir n’a été dirigé vers le HMS Defender et nous ne reconnaissons pas l’affirmation selon laquelle des bombes ont été larguées sur son passage », a en effet rétorqué le ministère britannique de la Défense.

Cela étant, au moment de l’incident présumé concernant le navire britannique, un avion de renseignement américain RC-135 Rivet Joint [indicatif : Sail 21] volait au large de la Crimée. C’est, du moins, ce que suggèrent les données du trafic aérien telles ont été relevées le 23 juin dernier.

Ce 30 juin, le président russe, Vladimir Poutine, est revenu sur cette affaire. « Il s’est agi d’une provocation », a-t-il dit, lors de son émission télévisée annuelle de « questions-réponses ». « Non seulement les Britanniques mais aussi les Américains y ont pris part », a-t-il ajouté, avant d’évoquer la présence d’un avion de renseignement de l’US Air Force au moment des faits. « Pourquoi faire cela Pour montrer que vous ne reconnaissez pas la Crimée Ne la reconnaissez pas, mais pourquoi provoquer? », a-t-il ensuite demandé.

Puis, le chef du Kremlin a ensuite lancé ce qui semble être un avertissement, en évoquant les « tirs de semonce » qui auraient été adressés au « destroyer » de la Royal Navy.

« Même si nous avions coulé ce navire, il aurait été difficile d’imaginer que le monde se serait mis sur la voie de la Troisième guerre mondiale », a en effet estimé M. Poutine. « Le monde sait qu’il ne sortirait pas victorieux de cette guerre », a-t-il ajouté, quelques heures après que les Pays-Bas ont accusé la Russie d’avoir « harceler » la frégate HNLMS Evertsen, soupçonnée par Moscou de se diriger vers le détroit de Kertch.

« Ceux qui le font comprennent qu’ils ne peuvent pas sortir victorieux de cette guerre, c’est une chose très importante. Je ne pense pas que nous serions contents du développement des événements dont vous parlez, mais au moins nous savons pour quoi nous nous battons. Nous nous battons pour nous-mêmes, pour notre avenir sur notre territoire. Ce n’est pas nous qui sommes venus vers eux à des milliers de kilomètres, […] ils sont venus à nos frontières et ont violé nos eaux territoriales », a également déclaré le président russe, en réponse à une question relative au même épisode.

Toutefois, la marine russe n’est pas non plus en reste. Récemment, dans le cadre d’exercices dans l’océan Pacifique, elle a envoyé une flottille naviguer à environ 20 nautiques des eaux territoriales de l’État américain de Hawaï…

Quoi qu’il en soit, en estimant qu’un navire de l’Otan coulé par la marine russe ne déclencherait pas une « guerre mondiale », le chef du Kremlin précise ainsi jusqu’où la Russie est prête à aller dans le cas où ses eaux territoriales – ou qu’elle considère comme telles – viendraient de nouveau à être violée…

En outre, ces derniers jours, alors que l’exercice navale Sea Breeze, organisé par l’Ukraine et les États-Unis, vient de commencer en mer Noire, les forces russes et britanniques se jaugent en Méditerranée orientale. La Russie a en effet envoyé dans la région deux MiG-31K, capables de mettre en oeuvre le missile hypersonique Kh-47М2 Kinjal ainsi que des avions de patrouille maritime et des navires. Et cela, alors qu’un groupe aéronaval britannique formé autour du porte-avions HMS Queen Elizabeth y mène des opérations.

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