Dernières manoeuvres avant le choix du futur avion de combat des forces aériennes suisses

Début juin, le quotidien Le Matin a souligné que plusieurs indices suggéraent que le Rafale était le favori de l’appel d’offres lancé par la Suisse pour acquérir jusqu’à 40 avions de combat pour remplacer les F/A-18 Hornet et F-5 Tiger de ses forces aériennes. Ce qui voulait dire qu’il était arrivé en tête des évaluations techniques et économiques.

Puis, à l’issue de rencontre, à Genève, entre le président américain, Joe Biden, et son homologue russe, Vladimir Poutine, le même journal a fait état d’un retournement de situation… en faveur du F-35A Lightning II de Lockheed-Martin.

Quelques jours plus tard, citant deux sources « proches du dossier », deux médias alémaniques, à savoir le Neue Zürcher Zeitung et la SRF [Schweizer Radio und Fernsehen], ont affirmé, quasiment au même moment, que le F-35A allait largement gagner la partie… Et d’avancer des arguments un peu curieux pour qui connaît l’histoire de l’avion de Lockheed-Martin.

« Le F-35 aurait comme avantages notamment le meilleur rapport qualité-prix sur sa durée de vie et il permettrait d’économiser de l’argent en réalisant des missions virtuelles », a ainsi résumé le quotidien Le Temps. Comme si les autres appareils en lice ne disposait pas de simulateurs…

S’il est vrai que le coût unitaire de cet appareil tend à baisser, son coût d’exploitation reste élevé [36’000 dollars par heure de vol, ndlr]. Et il n’est pas près de diminuer significativement, à en croire les documents budgétaires américains. En outre, souffrant encore de quelque 871 défauts [selon le bureau des tests & évaluations du Pentagone – DOT&E], son développement n’est pas terminé, le F-35 ne devant disposer de l’ensemble de ses capacités quand il sera porté au standard « block IV », dont la mise au point a pris du retard, en plus de coûter plus cher que prévu. Et, pour rappel, la pleine capacité opérationnelle n’a été prononcée pour aucune de ses trois variantes aux États-Unis.

Enfin, il faut rappeler ce que dit le programme Air 2030. « La Suisse vise le plus haut degré d’autonomie possible », y lit-on. Or, la maintenance du F-35 repose sur le système ALIS [qui doit être remplacé par le système ODIN, mais le principe reste le même], qui suppose l’envoi de données à des serveurs installés aux États-Unis. Ce qui permet à ce derniers de savoir l’usage qui est fait des avions… Du moins quand ce système fonctionne…

La principale mission qu’auront à effectuer les futurs avions de combat des forces aériennes suisses aura trait la police du ciel. Mais ils devront pouvoir effectuer des frappes au sol et de la reconnaissance. Or, le F-35A n’est pas un pur appareil de supériorité aérienne [dixit l’US Air Force, qui, sinon, ne miserait plus sur ses F-22 et F-15 et n’aurait pas lancé son programme NGAD, ndlr]. En revanche, grâce à sa furtivité, il est taillé pour les missions de frappe dans des environnements constestés et la guerre électronique…

Quoi qu’il en soit, et alors que le choix du F-35 [comme du F/A-18 Super Hornet, l’autre appareil américain en compétition] serait risqué politiquement étant donné que des organisations politiques suisses ont déjà fait savoir qu’elles exigeraient une votation s’il devait se confirmer, la presse suisse s’est fait l’écho de nouvelles fuites, concernant cette fois l’Eurofighter.

Ainsi, le SonntagsZeitung a indiqué qu’Airbus Defence & Space a mis le paquet sur les compensations industrielles [offset]… en proposant d’assembler les Eurofighter Typhoon en Suisse s’il remporte l’appel d’offres. Ce qui va bien au delà des exigences du programme Air 2030 puisque celui parle d’une compensation industrielle à hauteur de 60% de la valeur du contrat.

Par ailleurs, et citant des « sources anonymes », le journal suisse rapporte également que les ministres de la Défense allemand, italien, britannique et espagnol [dont les pays sont impliqués dans le programme Eurofighter, ndlr] ont proposé à Berne un partenariat « transfrontalier dans les domaines de la coopération militaire, de l’énergie, de la coopération économique, des réseaux scientifiques, de la politique environnementale et des transports, des technologies numériques, de la cybersécurité et des projets d’infrastructures ».

Cette proposition n’est pas une suprise : elle avait été faite en novembre dernier… Mais la rappeler ne mange pas de pain, alors que l’annonce du choix du Conseil fédéral, prévue initialement le 23 juin, est désormais imminente.

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