Espace : La coopération franco-américaine passera par des opérations communes et l’échange d’officiers

La coopération militaire entre la France et les États-Unis dans le domaine spatial est déjà ancienne, en particulier pour ce qui concerne le suivi des objets et des débris en orbite. Et, depuis 2012, les forces françaises sont invitées à participer à l’exercice « Schriever Wargame », dont l’objet est d’améliorer la planification et la conduite des opérations spatiales.

Pour rappel, en France, le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux [COSMOS] de l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] est chargé de collecter toutes les données nécessaires pour établir la situation spatiale. Pour cela, il utilise notamment le radar GRAVES [Grand Réseau Adapté à la VEille Spatiale], qui permet de suivre et de recencer plus de 3’000 objets en orbite basse. Seuls les États-Unis, la Chine et la Russie disposent d’une telle capacité.

En outre, via son nouveau Commandement de l’Espace [CdE], la France a été récemment été le premier pays européen à organiser un exercice spatial. Appelé AsterX, son scénario reposait sur la surveillance en orbite et la réponse à apporter en cas d’éventuelle attaque contre un satellite.

Une telle hypothèse n’est plus une vue de l’esprit étant donné que l’on assiste à une « arsenalisation » de l’espace, avec le développement de capacités anti-satellites [laser, objets manoeuvrants, missiles, cyberattaques, etc].

Cela étant, les investissements du ministère des Armées dans les capacités spatiales s’élèvent à environ 5 milliards d’euros sur la période 2019-25… Soit un montant deux fois moins élevé par rapport à l’enveloppe budgétaire annuelle que le Pentagone consacre à ce domaine.

Quoi qu’il en soit, la coopération franco-américaine en matière spatiale ne cesse de s’approfondir depuis quelques années. En 2020, la France a ainsi rejoint – avec l’Allemagne – l’initiative « Combined Space Operations » [CSpO] qui, pour schématiser, est l’équivalent des « Fives Eyes » pour le renseignement, avec les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélance. « L’enjeu est d’être capable de coordonner les capacités alliées, d’en augmenter la résilience pour assurer le soutien aux opérations multidomaines, de garantir un accès libre à l’espace et d’y protéger les moyens qui s’y trouvent, le cas échéant en coalition », avait alors expliqué l’AAE.

Lors de sa dernière audition au Sénat en tant que chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre a détaillé les enjeux que pouvait avoir une telle coopération, en particulier avec les États-Unis.

« Avec la création du Commandement de l’Espace, par association avec le CNES et en coopération avec les Américains, nous sommes en train de nous doter de capacités et de compétences pour surveiller l’espace, ce qui est essentiel pour comprendre ce qui s’y passe. Nous devons aussi comprendre ce que des compétiteurs sont capables de faire à partir de l’espace. Nous sommes en train de rattraper un retard que nous avions pris et nos capacités de surveillance de l’espace vont continuer d’augmenter », a expliqué le général Lecointre.

« Par ailleurs, nous devons promouvoir la production de normes internationales qui évitent le développement de la conflictualité dans l’espace. C’est un vrai combat que nous avons à mener face à des puissances qui n’ont pas nos scrupules et qui ont bien l’intention, elles, quoiqu’elles en disent, d’utiliser l’espace comme un champ de bataille », a continué le CEMA.

Cettre proximité avec forces « spatiales » américaines va encore franchir un palier. En effet, après avoir reçu le général James Dickinson, le « patron » de l’US Space Command, alors de passage à Paris pour la réunion annuelle du CSpO, la ministre des Armées, Florence Parly a rappelé que les « États-Unis Unis constituent un allié essentiel pour nos opérations spatiales militaires ».

Et d’annoncer qu’il a été « convenu de poursuivre et renforcer cette coopération grâce à des opérations et des exercices en commun ainsi que par la création d’un poste permanent pour un officier américain au sein du Commandement de l’Espace français et d’un poste pour un officier français inséré à l’état-major de l’US Space Command ».

Enfin, lors de leur entretien, Mme Parly et le général Dickinson ont réaffirmé le soutien de la France et les États-Unis « au processus marqué par l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies relative à la réduction des menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable dans l’espace ».

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