Le Parlement allemand valide l’achat de cinq avions de patrouille maritime P-8A Poseidon

Alors que le programme franco-allemand MAWS [Maritime Airborne Warfare System] n’était pas inscrit à son ordre du jour, la commission des Finances du Bundestag a approuvé, ce 23 juin, l’achat de cinq avions de patrouille maritime P-8A Poseidon auprès du constructeur américain Boeing pour 1,43 milliard d’euros.

Évidemment, une telle décision ne peut que mettre en péril le projet MAWS, lequel avait fait l’objet d’une déclaration d’intention signée par la France et l’Allemagne en avril 2018, l’objectif affiché étant alors « d’étudier les conditions d’un développement d’une solution européenne permettant de disposer d’une capacité de patrouille maritime autonome et performante en Europe. »

Concrètement, il s’agissait de développer, à l’horizon 2030, un « système de systèmes » reposant sur un nouvel avion de patrouille maritime, placé au centre d’un réseau de capteurs [drones, satellites, sémaphores, etc] tout en mettant au point des radars, des capacités de guerre électronique, des bouées acoustiques et de l’armement anti-surface et anti-sous-marin.

Sauf que l’Allemagne a pris la France de court en décidant de retirer prématurément du service les P-3C Orion de la MarineFlieger [aviation navale allemande, nldr], le coût de leur modernisation ayant été jugé trop important. En outre, cette décision a en partie été prise sous la pression de l’Otan, qui s’inquiétait alors des difficultés de la Deutsche Marine à déployer des capacités anti-sous-marines suffisantes dans ses zones d’intérêt.

Cependant, et afin de sauver le projet MAWS, Paris a proposé de céder à Berlin quatre avions de patrouille maritime Atlantique 2 portés au standard 6, comme ceux utilisés par la Marine nationale. Si elle avait de quoi séduire sur le papier, cette proposition a été déclinée par le ministère allemand de la Défense, au motif, notamment, que « le nombre d’avions proposés […] ne pourra[it] pas couvrir les exigences des futures obligations opérationnelles potentielles, les exigences de régénération des équipages ainsi que les vols de formation et de reconnaissance ».

Pour autant, Berlin assure que l’achat de P-8A Poseidon ne remet pas en cause le projet MAWS. Et d’avancer qu’il s’agit d’une solution « intérimaire ».

C’est, en tout cas, ce qui est écrit dans les documents budgétaires soumis au Bundestag. La mise en service de l’avion de patrouille maritime américain y est en effet qualifiée de « solution provisoire » car un « système d’armes aéroportées et maritimes » doit « être développé avec la France sur le long terme ».

Seulement, le provisoire a toujours tendance à durer et on voit mal la Deutsche Marine se séparer d’avions performants au bout de quelques années d’utilisation. D’ailleurs, quand elle a autorisé ce contrat potentiel, en mars dernier, l’administration américaine a expliqué que ces cinq P-8A Poseidon permettraient à l’Allemagne de « de moderniser et de maintenir sa capacité d’avions de surveillance maritime [MSA] pour les 30 prochaines années »…

Aux dernières nouvelles, une étude de faisabilité et d’architecture du MAWS devait être confiée à un groupement formé par Thales et trois entreprises allemandes, dont Hensoldt, Diehl et ESG [Elektroniksystem]… cette dernière ayant signé avec Boeing un protocole d’accord en vue d’établir une coopération pour assuer le Maintien en condition opérationnelle [MCO] des futurs P-8A Poseidon de la Deutsche Marine.

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