Pourquoi la Chine a-t-elle envoyé des J-7 « Fishcan » de conception ancienne près de Taïwan?

Si la Chine communique régulièrement sur ses avions de combat les plus récents, notamment en les envoyant patrouiller dans la zone d’identification de défense aérienne [ADIZ] taïwanaise, il n’en reste pas moins que le J-7 « Fishcan » est l’un des appareils les plus répandus au sein de ses forces aériennes, avec encore 340 exemplaires en service, derrière le J-10 Firebird [375 en dotation].

À l’origine, le Chengdu J-7 « Fishcan » est une copie du MiG-21 « Fishbed » soviétique. Si sa production a démarré dans les années 1960, cet appareil a constamment évolué au fil du temps, au point que les derniers exemplaires sont sortis des lignes d’assemblage en 2013.

En mars dernier, le quotidien « Global Times », qui suit la ligne du Parti communiste chinois [PCC], a indiqué que l’Armée populaire de libération [APL] allait retirer progressivement ses J-7 « Fishcan » du service pour les remplacer par des avions « plus avancés ». Actuellement, et si mission principale est encore d’assurer la surveillance et la défense de l’espace aérien chinois, cet appareil est utilisé pour la formation des jeunes pilotes et peut aussi servir de « plastron » lors des exercices aériens.

Or, depuis que le ministère taïwanais de la Défense rend compte de chaque incursion chinoise dans l’ADIZ de l’île, jamais la présence de J-7 « Fishcan » n’avait été signalée. C’est désormais chose faite.

En effet, le 17 juin quatre appareils de ce type on été repérés, aux côtés de deux chasseurs J-16 et d’un avion espion Y-8 EW [Electronic Warfare] au sud de Taïwan. Les J-7 « Fishcan » ont juste franchi la ligne qui sépare le détroit de Formose en deux, avant de faire demi-tour. Mais leur présence dans cette formation chinoise intrigue…

La presse taïwanaise a évoqué l’hypothèse de J-7 « dronisés ». Ce qui n’était une idée saugrenue puisque, par exemple, il a été rapporté que le Vietnam envisageait de transformer ses vieux MiG-21 en appareils pilotés à distance… et que certains J-7 parmi les premiers à être mis en service ont connu un tel sort afin de servir de cibles aériennes. Mais l’état-major taïwanais a assuré que les « Fishcan » repérés n’étaient a priori pas des drones.

Le quotidien United Daily News [UDN] s’est risqué à écrire que ces quatre J-7 participaient peut-être à une mission de guerre électronique, en relation avec le Y-8 EW. Ce qui est difficile à vérifier… Ou que, selon Focus Taïwan, l’APL a voulu « tester l’interopérabilité entre deux types d’avions de générations différentes. »

Une autre hypothèse serait d’ordre « psychologique », l’APL ayant voulu faire savoir qu’elle ne craint pas d’engager ses avions les moins avancés face aux forces aériennes taïwanaises. Et c’est celle qu’a retenue le Global Times, même si elle peine à convaincre. Et cela peut même laisser l’impression que les forces aériennes chinoises raclent les « fonds de tiroir », même si cette incursion des J-7 est survenue deux jours après une nouvelle démonstration de force dans l’ADIZ de Taïwan, avec pas moins de 28 avions.

Enfin, il est possible que ces J-7 « Fishcan » ait tenu le rôle de plastron pour les deux J-16 qui les accompagnaient, ces derniers ayant semblé protéger le Y-8 EW. C’est, en tout cas, ce que suggèrent les trajectoires de ces appareils, à en croire la carte publiée par le ministère taïwanais de la Défense.

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