Lockheed-Martin propose des F-16 « Viper » neufs et d’occasion à l’Ukraine

La semaine passée, réunis à Bruxelles, les chefs d’État et de gouvernement des trente pays membres de l’Otan, ont douché les espoirs de l’Ukraine, qui espérait enfin intégrer le plan d’action pour l’adhésion [MAP]… Ce qui, par ailleurs, constitue une « ligne rouge » pour Moscou.

« Nous réitérons la décision prise en 2008 au sommet de Bucarest concernant l’Ukraine, à savoir que ce pays deviendra membre de l’Alliance, le plan d’action pour l’adhésion [MAP] faisant partie intégrante du processus », ont en effet affirmé les pays de l’Otan, à l’issue du sommet de Bruxelles. Et d’ajouter : « Nous restons déterminés dans notre soutien au droit de l’Ukraine de décider librement de son avenir et de l’orientation de sa politique étrangère, sans ingérence extérieure. »

En clair, l’Otan n’a pas fait évoluer d’un pouce sa position à l’égard de la candidature de l’Ukraine… Et c’est le président américain, Joe Biden, qui en a donné les raisons. « Le fait est qu’il leur reste encore à éradiquer la corruption et à répondre à d’autres critères pour pouvoir faire partie du Plan d’action pour l’adhésion », a-t-il dit, en conférence de presse. Et d’ajouter, alors que le Pentagone venait d’annoncer le déblocage d’une nouvelle aide militaire de 150 millions de dollars au profit de Kiev : « D’ici là, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte que l’Ukraine soit en mesure de continuer à résister à l’agression physique russe. »

Le président Biden faisait référence à la situation dans le Donbass, où des séparatistes pro-russes affrontent les forces ukrainiennes, ainsi qu’aux vastes et récents mouvements de troupes russes aux abords de l’Ukraine. Il devait alors évoquer cette question avec son homologue russe, Vladimir Poutine, à Genève, le 16 juin.

Justement, s’il a reçu une invitation pour se rendre à la Maison Blanche en juillet, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fait part de sa déception de ne pas avoir pu rencontrer M. Biden avant son entretien avec le chef du Kremlin…

« Il aurait été préférable que la rencontre ait lieu avant le sommet entre les deux présidents [russe et américain], d’autant plus que l’Ukraine et le conflit avec des séparatistes prorusses dans l’est du pays seront au menu des discussions », a en effet estimé M. Zelensky auprès de l’AFP. « Je crois que cela n’aurait été qu’un plus dans la position de négociation du président des États-Unis », a-t-il insisté.

Avec Kiev, l’administration Biden donne le sentiment de « doser » son soutien. Ainsi, lors des manoeuvres russes près de l’Ukraine, la Maison Blanche avait envisagé d’accorder une nouvelle aide de 100 millions de dollars au profit des forces ukrainiennes… avant de se raviser après que la tension eut baissé d’un ton. Cependant, assure le site d’informations politiques Politico, l’enveloppe pourrait être débloquée uniquement qu’en cas d’atteinte à l’intégrité territoriale ukrainienne.

Une telle approche peut-elle avoir des conséquences sur d’éventuels contrats d’armement que Kiev envisage de signer prochainement? En effet, l’an passé, l’état-major ukrainien a dévoilé le plan « Air Force Vision 2035 » afin de moderniser son aviation de combat en remplaçant les avions hérités de la période communiste [35 MiG-29 « Fulcrum » et 33 Su-27 « Flanker »] par des appareils occidentaux.

Un tel plan suppose le lancement d’un appel d’offres en vue d’acquérir un chasseur-bombardier de génération 4,5, pour un montant de 7,5 milliards d’euros. Il est question d’une phase préliminaire, consistant à « étudier les formes et les méthodes d’emploi » ainsi que « l’organisation de la formation du personnel » avec 6 à 12 nouveaux appareils.

Selon Intelligence Online, la France entend proposer le Rafale à l’Ukraine. « Le président français croit dans les chances du Rafale de s’imposer dans cet ancien bastion de l’industrie russe. Paris dispose d’un avantage : son dispositif commercial à même de soutenir un tel contrat est déjà en place », a avancé la publication, en mars dernier.

Cela étant, la candidature du Rafale n’a pas officiellement été confirmée par Kiev, comme l’a rapporté le site spécialisé ukrainien Defense Express. En revanche, le vice-ministre ukrainien de la Défense, Oleksandr Myronyuk, a évoqué… le F-35 lors d’une conférence en ligne, donnée en avril dernier.

« Si nous parlons de remplacer nos avions par des F-35 ou par d’autres avions, nous devons avoir une idée claire de combien cela coûtera à notre budget. Et puis nous devrons faire évoluer nos infrastructures », a-t-il dit.

Jusqu’alors, on ignorait les intentions des industriels américains, même si on pouvait se douter qu’ils n’allaient pas laisser le champ libre à leurs concurrents européens. Et Lockheed-Martin n’a pas manqué l’occasion de faire la promotion de… non pas du F-35 mais de la dernière version du F-16, lors du salon « Armes et Sécurité 2021« , organisé à Kiev, entre les 15 et 18 juin derniers.

Pour rappel, le F-16 Block 70/72 « Viper » dispose notamment d’une connectivité améliorée, de la Liaison 16, d’un radar AESA [à antenne active] APG-83 SABR, d’un ordinateur de mission avancé et d’un Center Pedestal Display [affichage de suivi de terrain].

Ainsi, Lockheed-Martin proposerait à Kiev des avions neufs mais aussi des F-16 d’occasion qui seraient portés au standard Block 70/72.

Reste à voir si la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des ventes d’équipements militaires américains dans le cadre du dispositif « Foreign Miltary Sales » recommandera au Congrès si un tel contrat doit être signé.

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