Boeing place ses pions en Allemagne avant une probable commande d’avions de patrouille maritime P-8A Poseidon

En décidant de retirer du service les avions de patrouille maritime P3C Orion de la Deutsche Marine plus tôt que prévu, l’Allemagne a jeté le trouble sur l’avenir du programme MAWS [Maritime Airborne Warfare System], qui doit être mené en collaboration avec la France. Trouble que Paris a cherché à dissiper en proposant à Berlin le prêt de quatre Atlantique 2 [ATL2] portés au standard 6 [soit le plus récent] en guise de solution intérimaire.

Seulement, cette offre a été déclinée par le ministère allemand de la Défense, qui, dans le même temps, ne fait pas mystère de son intention de se procurer des P-8A Poseidon auprès du constructeur américain Boeing.

Pour rappel, le programme MAWS vise à remplacer, à partir de 2030, les ATL2 et les P3C Orion par de nouveaux avions de patrouille maritime qui seraient au centre d’un « système de systèmes » composé de différents capteurs [drones, sémaphores, radars, bouées acoustiques, satellites, etc], de capacités de guerre électronique et d’armements anti-surface et anti-sous-marins dernier cri.

Par conséquent, si Berlin fait l’acquition du P-8A Poseidon, qui est un appareil relativement récent, le programme MAWS aurait du plomb dans l’aile… En tout cas, et sous réserve que le Bundestag donne son feu vert, on s’achemine vers une telle issue.

En mars, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des exportations d’équipements militaires américains via le dispositif des « Foreign Military Sales » [FMS], a rendu un avis positif au sujet de la vente potentielle de cinq P-8A Poseidon à l’Allemagne, pour un montant alors évalué à environ 1,5 milliards d’euros. Et de souligner qu’un tel contrat permettrait à la Deutsche Marine de maintenir sa capacités de patrouille maritime pour les « trente prochaines années ».

En attendant, Boeing a anticipé la signature de cette commande qui de dessine en se rapprochant des entreprises allemandes ESG Elektroniksystem- und Logistik-GmbH et Lufthansa Technik, via un protocole d’accord qui, signé le 17 juin, vise à « explorer de potentiels domaines de collaboration autour de la formation, de la maintenance ou de l’intégration de systèmes. »

Sont notamment concernés les domaines de la simulation, de la cybersécurité, de la certification, de la conformité environnementale, des systèmes de communication, de la guerre électronique, des services logistiques ou encore de la maintenance prédictive.

« En collaboration avec ESG et Lufthansa Technik, nous offrirons des solutions rentables de soutien, de formation et de maintenance à la Deutsche Marine pour qu’elle puisse remplir leurs missions », a fait valoir Michael Haidinger, le Pdg de la filiale allemande de Boeing.

« Lufthansa et Lufthansa Technik sont partenaires de Boeing depuis plus de 60 ans. Les entreprises se connaissent et s’apprécient. Ce partenariat est un excellent point de départ pour nous permettre de fournir un support technique au plus haut niveau pour le P-8A si notre client de longue date, la Bundeswehr, en fait l’acquisition », a commenté Michael von Puttkamer, un haut responsable de Lufthansa Technik.

Le Pdg d’ESG, Christoph Otten, n’a pas dit autre chose. « En tant que partenaire stratégique de Boeing pour la flotte de P-8A Poséidon, nous sommes heureux de pouvoir faire à la Bundeswehr une offre viable, caractérisée par l’efficacité, l’efficience et la fiabilité », a-t-il dit.

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