L’espace aérien du Danemark a été violé à deux reprises par des avions de combat russes

Depuis le 6 juin, 40 navires, 60 avions et 4’000 militaires de 18 nations alliées et partenaires de l’Otan sont engagées dans la 50e édition de l’exercice BALTOPS 21, organisé depuis 50 ans dans la région de la Baltique. La France y participe avec le patrouilleur de haute mer [PHM] Commandant Blaison, le bâtiment de base de plongeurs démineurs [BBPD] Vulcain et le Chasseur de mines tripartite [CMT] Andromède.

Ces manoeuvres visent à accroître l’interopérabilité entre les forces navales de l’Otan, via des « exercices multi-luttes et multi-milieux réalistes et de haut de spectre en mer baltique ». Et comme on peut s’en douter, la Russie les surveille d’autant plus de près qu’elles ont lieu près de ses frontières. Et c’est donc en marge de ces dernières que des avions de combat russes ont violé l’espace aérien du Danemark, à deux reprises, le 11 juin.

La première violation a eu lieu à 11h08, au niveau de l’île de Christiansø, située à environ 18 km au nord-est de celle de Bornholm. Elle a duré deux minutes. La seconde s’est produite dans le même secteur, entre 11h40 et 11h42.

Dans les deux cas, des F-16 de la Flyvevåbnet [Force aérienne royale danoise] sont intervenus pour contraindre les avions russes – a priori des Su-30, selon la presse danoise – à changer de cap. Ces derniers ont été avertis qu’ils se dirigeaient vers l’espace aérien du Danemark… Mais ils n’en ont pas tenu compte.

« Complètement inacceptable que des avions russes violent l’espace aérien danois, deux fois en une journée », a réagi Jeppe Kofod, le chef de la diplomatie danoise, via Twitter. « Nous examinons encore les détails, mais j’ai déjà pris l’initiative de convoquer l’ambassadeur russe pour un entretien au ministère des Affaires étrangères », a-t-il indiqué, voyant dans ces deux violations une « action délibérée ».

« Le Danemark prend cette affaire très au sérieux, et nous espérons obtenir une bonne explication rapide et complète de ces incidents », a ensuite affirmé M. Kofod. « Bien entendu, nous en discuterons également avec nos alliés, en premier lieu ceux de l’Otan. Il est totalement inacceptable de violer l’espace aérien souverain d’un autre pays », a-t-il encore insisté.

Ce n’est pas la première fois que des avions militaires russes violent l’espace aérien du Danemark. En août 2020, un Su-27 « Flanker » qui venait de décoller de Kaliningrad pour intercepter un bombardier B-52 de l’US Air Force au-dessus de la mer Baltique s’était aventuré dans les environs de l’île de Bornholm.

Si l’incident fut dénoncé par l’Allied Air Command [AIRCOM] de l’Otan et Copenhague, le ministère russe de la Défense nia toute violation, assurant le vol du Su-27 « avait été effectué dans le strict respect des régles internationales d’utilisation de l’espace aérien, sans violer les frontière d’autres États. »

L’incident le plus sérieux s’est produit durant l’été 2014. Selon un rapport du renseignement militaire danois [Forsvarets Efterretningstjeneste], publié en octobre de la même année, l’aviation russe aurait simulé une « attaque » contre l’île de Bornholm, qui accueillait alors la grande réunion annuelle [Folkemødet] rassemblant les responsables politiques et les journalistes du pays.

Située au sud de l’île suédoise de Gotland [le « porte-avions » de la Baltique], l’ile de Bornholm était considérée comme stratégique à l’époque de la Guerre Froide, au point d’abriter un poste avancé de l’Otan. L’archipel Ertholmene – dont fait partie l’île de Christiansø – est d’ailleurs administré par le ministère danois de la Défense.

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