Le Pentagone maintient son appui aux opérations militaires françaises au Sahel

En janvier, lors d’une audition au Sénat, la ministre des Armées, Florence Parly, expliqua qu’elle n’avait « aucun élément permettant de dire » ce que l’administration Biden, qui prenait alors ses marques à Washington, allait décider au sujet de l’appui fourni par les forces américaines à l’opération Barkhane, au Sahel.

Pour rappel, ce soutien, dont le coût est d’environ 40 millions de dollars par an, se traduit notamment par la fourniture de capacités en matière de renseignement, de transport aérien, via des avions C-17 et C-130J, et de ravitaillement en vol.

Le 28 janvier, John Kirby, le porte-parole du Pentagone, expliqua que, après un échange avec Mme Parly, le secrétaire à Défense, Lloyd Austin, n’avait toujours « pas pris d’engagement dans un sens ou dans un autre » s’agissant de ce soutien à Barkhane. Et d’ajouter qu’il avait cependant « exprimé sa reconnaissance pour le travail que la France accomplit en termes de lutte de contre le terrorisme. »

Quatre mois plus tard, les intentions américaines étaient toujours inconnues. Aussi, dans le rapport sur l’opération Barkhane qu’elles publiérent en avril, les députées Sereine Mauborgne et Nathalie Serre estimèrent qu’il était « nécessaire d’amener les États-Unis à rapidement sortir de l’ambiguïté. « Et ce d’autant qu’il n’y a guère de doute quant à la volonté des autorités américaines de se concentrer d’abord sur la questions des ‘2 [Russie, Chine] + 3 [Iran, Corée du Nord, groupes armés terroristes]’ et que dans ce contexte, un effort particulier sera fourni sur la préparation à la haute intensité », avaient-elles souligné.

En effet, la stratégie de défense des États-Unis, sortie en janvier 2018, met l’accent sur la rivalité avec la Chine et la Russie, le contre-terrorisme étant relegué au second plan.

Quoi qu’il en soit, il aura fallu attendre l’annonce du président Macron concernant l’évolution du dispositif militaire français au Sahel pour que le Pentagone précise ses intentions.

« Nous continuerons à contribuer au renforcement des capacités de nos partenaires en Afrique, ce qui inclut les capacités à mener des opérations antiterroristes », a en effet déclaré John Kirby, le 11 juin, lors d’un point presse. « Nous continuerons à fournir un certain soutien, du genre de celui que nous apportons aux Français selon leurs besoins dans la région », a-t-il précisé.

En outre, a continué M. Kirby, le Pentagone va continuer à aider les pays africains à mener des opérations de contre-terrorisme. « Une grande part est de les aider à créer leurs propres capacités pour mener ce genre d’opérations, et nous y sommes encore attachés », a-t-il dit.

Pour rappel, et d’après les propos de M. Macron, la force Barkhane cédera la place à une « alliance internationale » anti-jihadiste, dont les troupes françaises constitueront la « colonne vertébrale ».

« C’est une évolution de concept, un changement de modèle, mais ce n’est pas la fin de l’engagement [de la France] au Sahel », a expliqué Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française, qui était ministre de la Défense au moment du lancement de l’opération Barkhane, le 1er août 2014.

« Évidemment, la poursuite de la lutte contre le terrorisme fait partie de nos priorités, même si le modèle de Barkhane n’est plus adapté », a poursuivi M. Le Drian, à l’issue d’un entretien avec Roch Marc Christian Kaboré, le président du Burkina Faso. « La volonté que nous avons c’est de combattre avec les forces du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad] pour que le terrorisme ne s’impose pas comme la loi dominante pour les populations concernées : c’est pour cela que la France est là », a-t-il conclu.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]