Trois Rafale vont se mesurer aux F-22A Raptor américains à Hawaï, lors de la mission « Heifara-Wakea »

Trois ans après la mission « Pégase », qui avait mobilisé trois Rafale, un A400M Atlas, un Airbus A310 et un avion-ravitailleur C-135FR pour un périple dans le Pacifique Sud, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] s’apprête à déployer un dispositif similaire en Polynésie française.

En effet, dans le cadre de la mission « Heifara-Wakea », qui se déroulera en deux temps, trois Rafale F3R, deux A400M et deux avions-ravitailleurs A330 MRTT « Phénix » décolleront de France pour rejoindre la région Asie-Pacifique, en passant par les États-Unis. Et, avant d’arriver en Polynésie française, les chasseurs-bombardiers simuleront un raid dans un espace aérien contesté. Puis ils enchaîneront avec des vols de protection durant les jours suivants.

À l’occasion de cette projection à plus de 17’000 km de la métropole, l’AAE va inaugurer son nouveau Centre air de planification et de conduite des opérations [CAPCO] qui, installé à Lyon, doit permettre au Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes [CDAOA] de « contrer les multiples actions adverses menées dans l’intégralité des milieux et des champs de confrontation. » Et cela, quelle que soit la « zone du monde concernée ».

Après la mission « Marianne », au cours de laquelle le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Émeraude et le Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain [BSAM] « Seine » s’aventuèrent jusqu’en mer de Chine méridionale, « Heifara-Wakea » constituera la seconde « projection » de forces françaises dans la région Indo-Pacifique en 2021.

Au regard des enjeux que cette dernière représente, un rapport de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie [DGRIS] publié en 2017 avait estimé que la France devait « être capable d’y agir militairement » afin de faire « face à une menace pouvant affecter sa sécurité », à commencer par celle de ses départements et territoires d’outre-Mer.

« La zone indopacifique est le théâtre de profondes évolutions stratégiques. La France, avec ses 1,6 million d’habitants dans ce territoire et ses 9 millions de km2 de Zone économique exclusive [ZEE], doit donc protéger et défendre ses intérêts mais aussi
secourir les populations en cas de crise. Elle s’appuie pour cela sur les moyens militaires nationaux présents dans le Pacifique, qui sont régulièrement renforcés par des unités venues de métropole », a d’ailleurs rappelé le général Philippe Lavigne, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], pour présenter la mission « Heifara-Wakea ».

Rafale, A400M et A330 MRTT resteront en Polynésie française jusqu’au 26 juin. Puis ils entameront la seconde phase de leur déploiement [appelée « Wakea »] en mettant le cap vers le nord pour rejoindre Hawaï. Là, ils prendront part à une « activité opérationnelle qui s’inscrit dans le cadre de la coopération bilatérale avec les États-Unis dans le Pacifique », précise l’AAE.

Concrètement, les trois Rafale vont se mesurer aux F-22A Raptor du 199th Fighter Squadron, basé à Pearl Harbor.

« L’interopérabilité entre les Rafale et les F-22 sera au cœur de ces manœuvres qui porteront le nom de WAKEA », explique l’AAE. Et cette « interopérabilité entre les chasseurs de dernière génération », poursuit-elle, « constitue un élément essentiel pour conserver notre liberté d’action. »

En outre, l’exercice Wakea permettra également de « préciser l’importance et la robustesse du partenariat stratégique et opérationnel » entre l’AAE et l’US Air Force, lesquelles partagent aussi « la nécessité d’une chaîne de commandement des opérations, interconnectée entre les milieux [air, terre, mer, espace], capable de défendre les intérêts nationaux et de prendre l’avantage face aux
menaces hybrides et globalisées [cyber, informationnelle, déni d’accès…] ».

Après cette étape hawaïenne, les avions de l’AAE prendront la direction de côte Est des États-Unis pour se poser à Langley [Virginie], afin de commémorer les 240 ans de la victoire décisive franco-américaine lors de la bataille de Yorktown. Le retour en France est prévu pour le 9 juillet.

Par ailleurs, le général Lavigne avait récemment évoqué d’envoyer, en moins de 48 heures, 20 Rafale et des A330 MRTT dans la région Indo-Pacifique en 2023. Cet objectif a été confirmé par l’AAE à l’occasion de la présentation de la mission « Heifara-Wakea ».

Photo : armée de l’Air & de l’Espace

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