Sahel : Le président Macron annonce la fin de l’opération Barkhane sous sa forme actuelle

Ce 10 juin, soit une semaine après l’annonce de la suspension de la coopération militaire avec le Mali, en réaction du coup de force politique du colonel Assimi Goïta, le président Macron a estimé qu’il est temps de mettre un terme à Barkhane « en tant qu’opération extérieure pour permettre une opération d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent ».

« La présence durable dans le cadre d’opérations extérieures de la France ne peut pas se substituer au retour de l’État et des services de l’État à la stabilité politique et au choix des Etats souverains », a ensuite justifié le président français, sans pour autant préciser le calendrier de ce qui apparaît comme étant un désengagement partiel de la France dans la bande sahélo-saharienne [BSS].

« La France est engagée depuis un peu plus de huit ans au Sahel. Nous nous sommes installés dans une opération de longue durée. Beaucoup de nos soldats sont tombés, j’ai une pensée pour leur famille. Nous leur devons la cohérence, la clarté », avait commencé par dire M. Macron, qui a ensuite estimé que le « temps était venu » pour « tirer les enseignements de ce qui a fonctionné et tirer aussi les enseignements de ce qui n’a pas fonctionné. » Or, a-t-il dit, la « forme de notre présence, sous forme d’opération extérieure, n’est plus adaptée à la réalité des combats », d’autant plus que « nous ne pouvons pas sécuriser des zones qui retombent dans l’anomie parce que les États décident de ne pas prendre leurs responsabilités, c’est impossible, ou alors c’est un travail sans fin. »

Concrétement, il s’agit de remplacer la force Barkhane par une alliance internationale anti-jihadiste. « Les armées françaises seront la colonne vertébrale de cette force », qui sera composée de partenaires européens ainsi que par les forces locales.

« L’état final recherché, c’est de réduire nos emprises, de réduire la logique opération extérieure, de garder un pilier de lutte contre le terrorisme avec des forces spéciales et un pilier de coopération avec nos partenaires, nous avons déjà des structures existantes que nous allons compléter », a expliqué M. Macron.

Sur ce point, on aurait pu penser que « l’effet final recherché » était la mise hors d’état de nuire des groupes armés terroristes [GAT] qui sévissent dans la région, comme encore encore au Burkina Faso, avec le massacre d’une centaine de civils, le 6 juin dernier. Seulement, faute d’avoir des objectifs clairs, il est compliqué de mettre en oeuvre une stratégie…

Cela étant, l’idée est, en réalité, de revenir à la formule qui prévalait avant le déclenchement de l’opération Serval [le 11 janvier 2013, ndlr], avec la présence de forces spéciales dans la région [la « Task Force » Sabre, installée au Burkina Faso, ndlr] et des actions de formation au profit des armées locales. À la différence qu’il est désormais question d’impliquer les pays européens,  via le groupement de forces spéciale « Takuba », ainsi que les États-Unis.

En effet, a précisé M. Macron, « à l’issue de consultations avec nos partenaires américains et européens, nous amorcerons une transformation profonde de notre intervention au Sahel. »

« La forme de notre présence, celle d’opérations extérieures engageant plus de 5’000 hommes maintenant depuis plusieurs années, n’est plus adaptée à la réalité des combats. […] Nous transformons notre opération pour être cohérent et en soutien. Ce n’est pas lié aux évolutions récentes, au Tchad comme au Mali », a encore fait valoir le président français.

Cependant, M. Macron a eu des mots durs à l’endroit du colonel Goïta, désormais président du Mali « par intérim ».

« Je pense que la décision que la Cédéao [Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, ndlr] a prise de reconnaître un putschiste militaire crée une mauvaise jurisprudence pour les Africains eux mêmes […]. On ne peut pas souffrir l’ambiguïté […]. Je ne sais pas expliquer aux parents d’un soldat français que je renvoie ses frères d’armes, alors qu’il est tombé sur le champ d’honneur, aux côtés de l’armée qui décide de négocier avec leurs assaillants. Cette ambiguïté, elle existe en tant qu’elle n’est pas complètement levée, je ne peux pas reprendre des opérations communes et je ne le ferai pas », a justifié le chef de l’État.

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