Sahel : L’objectif n°1 des forces spéciales françaises est de capturer Iyad Ag Ghali, le chef du GSIM, « dans les prochains mois »

Il y a exactement un an, Abdelmalek Droukdel, alors chef d’al-Qaïda au Maghreb islamique, était la cible d’une opération menée par les forces spéciales françaises de la « Task Force » Sabre dans la région de Talhandak, près de la frontière entre le Mali et l’Algérie. Le commandant des opérations spéciales [COS], le général Éric Vidaud, qui se fait très rare dans les médias, est évoqué cet épisode dans un entretien accordé à France24, ce 3 juin.

En premier lieu, le général Vidaud a tenu à souligner que la « neutralisation » du chef d’AQMI n’avait été que la « phase finale d’une opération préparée depuis des mois par une manoeuvre extrêmement complexe de renseignement, de suivi et de traque » ainsi que de « travail interservices avec la DRM [Direction du renseignement militaire], la DGSE [Direction générale de la sécurité extérieure] et nos alliés, notamment les Américains ».

Puis, le chef du COS a insisté sur toutes les informations qui ont pu être récupérées après l’élimination de Droukdel. « Il y a eu des quantités et des quantités de documents, d’ordinateurs et de clés USB qui sont encore en cours d’analyse aujourd’hui et qui nous permettent de comprendre le fonctionnement des ces groupes, de cette chaîne hiérarchique pour ensuite rebondir sur d’autres arrestations et neutralisations », a-t-il expliqué.

Sans doute que l’exploitation de ces renseignements a contribué à neutraliser, en novembre 2020, Bag ag Moussa, le responsable des opérations militaires du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, pour Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin], l’une des deux principales organisations jhadistes actives au Sahel, avec l’État islamique au grand Sahara [EIGS].

Pour rappel, le GSIM réunit sous la houlette d’Iyad Ag Ghali plusieurs groupes jihadistes liés à al-Qaïda, dont la « katiba » d’AQMI au Sahel, la katiba Macina, al-Mourabitoune et Ansar Dine.

« Soyons clairs : cet ennemi nous cible au Sahel et le ferait probablement en France s’il en avait l’occasion. Cet ennemi est rusé, agile, capable à la fois d’une vision et de coups tactiques. Il dispose de compétences critiques et d’une expérience acquise sur le long cours », avait affirmé le général Marc Conruyt, l’actuel chef de la force Barkhane, au sujet du GSIM, lors d’une audition parlementaire.

Et d’ajouter : « Prospérant sur la misère, l’endoctrinement, l’absence d’alternative sociale ou économique, de manière plus insidieuse et patiente que l’EIGS, il cherche à établir son propre mode de gouvernement. Il s’appuie pour cela sur les tensions communautaires existantes en attirant à lui les exclus, les relégués, les menacés, bref, ceux que l’État ne peut protéger ou aider. »

Aussi, et alors que le contexte politique au Mali a été marqué par un second coup d’État et, que en conséquence, le président Macron a évoqué un possible retrait de la force Barkhane de ce pays, la neutralisation d’Iyad Ag Ghali arrive en tête des priorités. C’est en effet ce qu’a affirmé le général Vidaud.

« Clairement, aujourd’hui, c’est Iyad Ag Ghali qui est la priorité numéro une puisque c’est lui qui est à l’origine des attentats de Ouagadougou [entre autres, nldr], c’est lui qui est à l’origine des poses d’IED [engins explosifs improvisés] par les groupes armés terroristes, c’est lui qui est à l’origine des prises d’otages. Et donc, pour nous, c’est la personne qu’il faut absolument réussir à capturer, voire à neutraliser s’il n’est pas possible de le capture, dans les prochains mois », a déclaré le patron du COS.

Les propos de ce dernier font écho à ceux tenus en février par Bernard Émié, le chef de la DGSE. Il avait en effet mis la pression sur les chefs jihadistes en expliquant que pas un de leurs gestes n’échappait à ses service.

Pour autant, ce n’est pas parce que l’accent est mis sur le chef du GSIM que celui de l’EIGS, Adnane Abou Walid al-Sahraoui est oublié, d’autant plus que son groupe multiplie les exactions contre les civils au Niger et qu’il a revendiqué, l’an passé, l’assassinat de six humanitaires français.

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