Paris estime que le net recul de ses ventes d’armes en 2020 ne reflète « pas une tendance de fond »

En 2019, les exportations françaises d’équipements militaires avaient diminué de -8,6%, le montant des prises de s’étant alors élevé à 8,33 milliards d’euros. Pour autant, ce résultat était à relativiser dans la mesure où, l’année précédente, les ventes avaient progressé de 30%. En outre, le ministère des Armées ne manqua pas de relever qu’il était encore supérieur à la « moyenne des années hors contrat Rafale ».

Évidemment, et même si les dépenses militaires au niveau mondial n’ont pas fléchi en 2020, on pouvait s’attendre à des résultats décevants pour la Base industrielle et technologique de défense française [BITD], en particulier à cause de la pandémie de covid-19. Ce que le rapport remis par le ministère des Armées au Parlement, le 1er juin, a confirmé.

« En 2020, le montant des prises de commande [contrats signés et entrés en vigueur] s’est élevé à 4,9 milliards d’euros. Ce résultat, en retrait par rapport aux précédentes années, s’explique en partie par les contraintes liées à la crise sanitaire mondiale qui ont repoussé à 2021 plusieurs prospects d’armement, en raison de la suspension des discussions commerciales et des
décisions d’investissement associées », est-il expliqué dans ce rapport.

Il n’en reste pas moins que les prises de commandes ont chuté de 41% par rapport à 2019… Or, d’autres pays ont su tirer leur épingle du jeu, comme les États-Unis, qui ont vu les leurs progresser de 2,8% durant la même période, grâce notamment à des facilités de paiement accordés aux pays client… Mais aussi grâce à leur norme ITAR [International Traffic in Armes Regulations], qui permet de contrôler les exportations de matériels militaires produits avec des composants d’origine américaine. La pandémie de covid-19 n’a pas non plus affecté les ventes d’Israël, lesquelles ont augmenté de 15% l’an passé, pour s’établir à 6,7 milliards de d’euros. Misant sur des produits de niche, l’industrie israélienne de l’armement a accumulé des contrats supérieur à 100 millions de dollars [qui représentent 25% du total].

Quoi qu’il en soit, ce recul des ventes françaises s’explique également par « l’absence de grands contrats supérieurs à 500 millions d’euros pour l’année 2020 », souligne le ministère des Armées, qui ne voit pas dans ces résultats une « tendance de fond » mais un « fait du calendrier ».

« Les exportations s’apprécient dans la durée, car le marché de l’armement se caractérise par le poids des grands contrats. Ces derniers peuvent, à quelques semaines près, se trouver comptabilisés sur une année plutôt que la suivante. Les résultats d’une année isolée ne suffisent pas à tirer des enseignements, en raison du poids prépondérant de ces contrats majeurs », fait-il observer.

Effectivement, grâce notamment aux contrats « Rafale » signés en Grèce et en Égypte cette année, on sait déjà que le cru des exportations françaises 2021 sera bien meilleur que celui de l’an passé…

S’agissant des pays clients de la BITD française en 2020, l’Arabie Saoudite arrive en tête, avec 703,9 millions d’euros de prises de commande. Viennent ensuite, et c’est assez rare pour être souligné, les États-Unis [433,6 millions] et le Maroc [425,9 millions].

L’Europe représente environ 25% des prises de commandes [presque à égalité avec le Moyen-Orient], grâce notamment au Royaume-Uni [290,8 millions] et la Grèce [282,6 millions], loin devant l’Allemagne [66 millions]. En Asie, l’Inde et Singapour auront été les principaux clients de l’industrie française de l’armement, avec des prises de commandes s’étant élevées respectivement à 285,2 et 120,1 millions d’euros. L’Autralie se situe entre les deux, avec 199,6 millions d’euros. Enfin, en Afrique subsaharienne, le Sénégal représente à lui seul la quasi-totalité des commandes enregistrées, avec 217,2 millions.

À noter que, après quelques années fastes, l’Amérique du Sud ne représente plus trois fois rien dans les prises de commandes. Ces dernières se sont élevées à 61,1 millions d’euros en 2020, contre près de 310 millions l’année précédente, où elles furent soutenues par des contrats obtenus en Argentine et au Brésil.

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