Otan : Succès du tir d’un missile Aster 30 avec charge militaire par la Frégate de défense aérienne Forbin

Alors que le risque d’un conflit de haute intensité en mer tend se renforce au regard des mutations de l’environnement géopolitique observées durant ces dernières années, la Marine nationale a récemment décidé d’accélérer la mise en oeuvre du plan « Mercator », lequel met l’accent sur la préparation opérationnelle, la prise en compte de nouveaux espaces de conflictualité et la réflexion stratégique.

Ainsi, il est question de maintenir les objectifs en matière de tirs de munitions dites complexes, si ce n’est de les revoir à la hausse en fonction des marges de manoeuvre que laisse entrevoir la Loi de programmation militaire 2019-25. La norme fixée est d’un tir d’une telle munition par bateau de premier rang tous les deux ans.

Nous devons « nous préparer au combat […] en intensifisant notre entraînement opérationnel, […] en développant des tactiques dans de nouveaux milieux, […] et en nous assurant de la fiabilité de nos modes d’action et de nos armes, y compris de nos armes complexes. Nous avons l’ambition de poursuivre et de valoriser toujours davantage les tirs de munitions complexes au cours d’exercices réalistes », avait ainsi expliqué l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM].

C’est ainsi que, en janvier, la frégate multimissions [FREMM] Normandie a procédé au tir d’un missile surface-air Aster 30 pour détruire un « drone aérien au comportement représentatif de celui des missiles », mis en œuvre par la Direction générale de l’armement [DGA] « Essais de missiles », au large de Biscarrosse.

Généralement, de tels tirs se sont à proximité des installations de la DGA « Essais de missiles », qu’ils soient situés dans les Landes ou dans le Var [île du Levant, ndlr]. Mais tel n’a pas été le cas de celui que vient d’effectuer la frégate de défense aérienne [FDA] Forbin.

Depuis le 15 mai, ce navire est engagé dans l’exercice Formidable Shield 21, organisé au large de l’Écosse avec une quinzaine de bâtiments et plusieurs aéronefs appartenant à des pays membres de l’Otan [France, États-Unis, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Belgique, Danemark, Allemagne, Pays-Bas et Norvège].

Le but de ces manoeuvres navales est « d’améliorer l’interopérabilité » entre alliés dans le domaine de la défense aérienne et antimissile. Cependant, dans un premier temps, un exercice de tirs de canon sur cible flottante a été organisé sous la direction de la FDA Forbin, dont l’hélicoptère Panther a « réalisé plusieurs vols de surveillance maritime et des entraînements à l’appontage sur des bâtiments alliés. »

Puis le navire français a ensuite été désigné pour assurer le commandement de la lutte anti-aérienne de cette force navale alliée [appelée « STRIKFORNATO »], et donc la coordination entre les différentes unités qui la composent. Les exercices reposent sur des attaques [simulées] d’aéronefs hostiles, lesquelles visent à tester les capacités à partager l’information afin de former une bulle de protection aérienne.

C’est donc dans ce contexte que le Forbin a été amené à lancer un missile surface-air Aster 30 pour détruire une « cible supersonique » volant à plus de 3000 km/h à la surface de l’eau [probablement un engin de type GQM-163 Coyote, ndlr]. Le tir a été un succés.

« Pour une frégate de défense aérienne, c’est le premier tir de missile Aster 30 de combat, équipé de sa charge militaire », a précisé la Marine nationale. Et d’ajouter : « Face à une cible aussi véloce et avec tout un équipage au poste de combat, le système d’arme est employé au maximum de ses automatismes pour riposter. Pour autant la complexité du tir est grande car sa réussite dépend de chaque marin du bord, du commandant qui autorise le tir aux mécaniciens qui s’assurent du bon fonctionnement de l’indispensable circuit de réfrigération. »

« En tant que membre permanent du forum ‘Maritime Theater Missile Defense’ [MTMD-F], sous l’impulsion du chef d’état-major de la Marine et avec l’appui constant de la DGA, la France confirme ainsi la modernité et l’excellence de ses moyens maritimes dans le domaine de la défense aérienne. Elle prouve également sa capacité à interagir au sein d’une force maritime internationale afin d’assurer une défense conjointe contre des missiles supersoniques et balistiques », a encore fait valoir la Marine nationale.

Pour rappel, une frégate de défense aérienne [classe « Horizon »] emporter jusqu’à 32 missiles Aster 30 et 16 missiles Aster 15 ainsi que 8 missiles antinavires MM40 Exocet block 3. Elle est également dotée de deux canons de 76 mm, de 3 canons télé-opérés Narwhal de 20 mm et de 2 tubes lance-torpilles MU90. Grâce à son radar de veille tridimensionnel S-1850M, elle est en mesure de suivre 2000 pistes, que ce soient des navires de surface, des aéronefs, des missiles de crosière et des missiles balistiques.

Le Forbin n’a pas été le seul à lancer un missile Aster 30. La frégate multimissions italienne ITS Antonio Marceglia en a en effet tiré un contre une cible dont la nature n’as pas été précisée. Plus tôt, la frégate néerlandaise HNLMS De Zeven Provinciën avait réussi à détruire une cible subsonique avec deux missiles à guidage radar ESSM [Evolved Sea Sparrow Missiles].

« Plusieurs démonstrations de tirs réels et simulés contre des cibles subsoniques, supersoniques et balistiques auront lieu pendant l’exercice », précise l’US Navy. « La coopération multinationale pour une interception de missiles balistiques dans l’espace est vraiment remarquable et prouve l’engagement de l’Alliance en faveur de l’interopérabilité et de la défense », a-t-elle souligné.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]