L’Ukraine s’impatiente au sujet de son adhésion à l’Otan

« L’Otan se félicite des aspirations euro-atlantiques de l’Ukraine et de la Géorgie, qui souhaitent adhérer à l’Alliance. Aujourd’hui, nous avons décidé que ces pays deviendraient membres de l’Otan. Ils ont l’un et l’autre apporté de précieuses contributions aux opérations de l’Alliance. » Telle était la promesse faite à Kiev et à Tbilissi à l’issue du sommet de Bucarest, en avril 2008.

Seulement, quelques semaines plus tard, une guerre entre la Russie et la Géorgie éclata, avec pour enjeu le sort de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, deux régions géorgiennes séparatistes. Depuis, ces dernières sont entrées dans le giron de Moscou…

L’Ukraine se trouve actuellement dans une situation identique. Après avoir perdu la Crimée, annexée par la Russie, Kiev est aux prises avec des séparatistes pro-russes dans le Donbass [sud-ouest du pays]… D’où la réserve de certains membres de l’Otan à accueillir ses deux pays parmi eux, d’autant plus que leur éventuelle adhésion serait vue d’un très mauvais oeil à Moscou.

Pour autant, régulièrement, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, réitère la promesse qui leur avait été faite en 2008. Comme encore en avril dernier, lors d’une réunion de la commission Otan-Ukraine. « Les Alliés maintiennent les décisions prises au sommet de Bucarest et aux sommets suivants », a-t-il répété.

Et cela, alors que la Russie venait d’effectuer d’importants mouvements de troupes aux frontières de l’Ukraine. Ce qui avait alors poussé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky à demander l’accélération du processus d’adhésion de son pays à l’Otan. C’est « la seule voie vers la fin de la guerre dans Donbass », avait-il plaidé.

Reste que, avant de pouvoir intégrer l’Otan, il faut d’abord passer par le « Plan d’actions à l’adhésion » [MAP]. Mais cela ne constitue en rien une garantie : la Bosnie-Herzégovine participe au MAP depuis 2010… Et elle n’a toujours pas rejoint l’Alliance.

Quoi qu’il en soit, et même s’ils peuvent compter sur le soutien politique de l’Otan [notamment sur celui des membres les plus en vue, comme les États-Unis, qui fournissent une aide matérielle aux forces urkainiennes, ndlr], les dirigeants ukrainiens ne cachent pas leur impatience, comme l’a fait Dmytro Kouleba, lors d’une conférence de presse donnée à Kiev au côté de Helga Schmid, la secrétaire générale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE].

Ainsi, s’il a fait part de la reconnaissance de son pays à l’égard de l’Otan, le chef de la diplomatie ukrainienne a toutefois déploré que « pas une seule mesure n’a été prise » pour permettre à Kiev de rejoindre l’Alliance depuis 2008.

En outre, M. Kouleba également dénoncé la décision de l’Otan de ne pas inviter l’Ukraine au sommet qui doit se tenir le 14 juin prochain, à Bruxelles, en présence du président américain Joe Biden.

« Nous ne comprenons pas comment il est possible de ne pas inviter l’Ukraine et pourquoi il n’est pas possible de trouver un format adapté à la participation de l’Ukraine au sommet de cette année », s’est étonné le ministre ukrainien.

L’Ukraine va-t-elle pouvoir rejoindre le Plan d’actions à l’adhésion dès cette année? M. Kouleba dit s’attendre à en recevoir prochainement l’invitation… Mais rien n’est moins sûr. Lors d’un déplacement à Kiev, le 6 mai, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a réaffirmé le soutien de son pays à Kiev… mais fait aussi une mise en garde.

« L’Ukraine fait face à deux défis : des forces externes comme la Russie, mais aussi des forces internes, comme des oligarques et d’autres individus puissants qui poursuivent leurs propres intérêts par des moyens illégitimes au détriment des intérêts du peuple ukrainien », a en effet déclaré M. Blinken, appelant ainsi Kiev à s’impliquer davantage contre la corruption.

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