La presse croate donne le Rafale F3R vainqueur de l’appel d’offres lancé par Zagreb
Le 20 mai, le président croate, Zoran Milanović, a tenu un conseil de défense avec notamment son Premier ministre, Andrej Plenković, ainsi qu’avec les ministres de la Défense, des Finances et des Affaires étrangères. Et la modernisation de la force aérienne croate figurait parmi les dossiers inscrits à l’ordre du jour, une annonce officielle sur le choix d’un nouvel avion de combat étant attendue pour le 28 mai prochain.
Pour rappel, afin de remplacer ses MiG-21Bis/UM à bout de souffle, Zagreb avait lancé une première procédure, à l’issue de laquelle il fut décidé d’acquérir des F-16 d’occasion auprès d’Israël. Seulement, les États-Unis y mirent leur veto et le gouvernement croate dut lancer un nouvel appel d’offres, auquel répondirent les États-Unis [F-16 Viper de Lockheed-Martin], la Suède [JAS-39 Gripen], Israël [F-16 Block 30] et la France [Rafale F3R d’occasion].
En décembre 2020, et après avoir examiné les quatre propositions reçues, une « commission interinstitutions pour l’acquisition d’un avion de combat multirôle » estima que le choix devait se faire entre le F-16 Viper et le Rafale F3R. « Toutes les offres ont été évaluées de manière approfondie et précise dans trois domaines : le domaine stratégique, le domaine des capacités et le domaine financier », avait alors assuré le Premier ministre croate.
Quoi qu’il en soit, à peine le conseil de défense présidé par M. Milanović était-il terminé que la presse croate s’est enflammée. Ainsi, le quotidien Jutarnji list, citant des « sources bien informées », a révélé que le gouvernement croate venait de décider « d’acheter 12 avions de combat français Rafale F3R d’occasion » pour 930 millions d’euros, montant qui engloberait également la formation des pilotes et des techniciens… mais pas l’armement.
L’information a été ensuite confirmée par d’autres médias croates, comme Slobodna Dalmacija, qui a donné quelques détails sur la proposition française.
« Outre les avions en parfait état et avec des performances exceptionnelles – selon certains analystes militaires, le Rafale était le meilleur de tous les appareils proposés – l’offre comprend également une coopération stratégique globale à long terme entre la Croatie et la France », écrit Slobodna Dalmacija, ce qui passera par un renforcement de l’industrie de défense croate. Et d’ajouter que les avions proposés seront livrés avec un potentiel étendu à 9.000 heures de vol. En outre, des facilités de paiement doivent être accordées par Paris.
Les six premiers Rafale F3R seront livrés à la Croatie en 2024, les six derniers devant l’être l’année suivante. Ce qui suppose une nouvelle commande de 12 avions neufs auprès de Dassault Aviation pour compenser ces prélèvements sur la flotte de l’armée de l’Air & de l’Espace.
Au-delà de la qualité intrinsèque des appareils en lice, le choix du gouvernement croate s’explique par plusieurs autres raisons. En premier lieu, Zagreb a la volonté de jouer résolument la carte européenne. Ensuite, le prix demandé pour les 12 F-16 Viper proposés par les États-Unis – 1,5 milliard d’euros – était supérieur au montant de l’enveloppe affectée à la modernisation de la force aérienne croate.
Enfin, il y avait des doutes sur la capacité de Lockheed-Martin à livrer les avions d’ici à 2024, alors que le constructeur américain doit déjà assembler 128 F-16 Viper pour plusieurs clients étrangers [dont Taïwan, la Bulgarie, Bahreïn, etc]. D’ailleurs, à cette fin, il vient d’inaugurer une nouvelle ligne de production sur son site de Greenville, en Caroline du Sud.
Selon Jutarnji list, le comité de la Défense du Parlement croate doit se réunir à huis clos, le 27 mai prochain, pour se voir présenter en détail la décision d’acquérir les 12 Rafale F3R d’occasion. Une annonce officielle suivra donc dans la foulée. Et il est question de finaliser les négocations avec Paris d’ici la fin de cette année.
