En disant vouloir renforcer la cohésion de l’Otan, le président Macron décoche des flèches contre la Turquie

Afin de préparer le prochain sommet de l’Otan, qui se tiendra le mois prochain à Bruxelles, le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, a été reçu par le président Macron, ce 21 mai, à Paris. Et ce dernier n’a pas ménagé la Turquie, tout en assurant vouloir renforcer la « cohésion » au sein de l’Alliance.

Ainsi, à l’issue de son entretien avec M. Stoltenberg, M. Macron a affirmé que « la solidarité entre alliés n’est pas simplement un mot, à géométrie variable » et qu’elle « implique des devoirs, des responsabilités les uns envers les autres. » Et d’insister : « Elle implique pour chacun des alliés de s’engager à respecter le droit international et des règles de conduite claires. » Aussi, a-t-il continué, « cela suppose de ne pas poursuivre des intérêts nationaux contradictoires avec les intérêts de sécurité des autres alliés, comme cela a pu être parfois le cas durant ces dernières années en Syrie, en Méditerranée orientale, en Libye, dans le Caucase ou encore en termes d’interopérabilité sur les systèmes d’armement, ce qui est absolument critique au sein de l’Otan ».

Évimment, cette tirade ne pouvait viser que la seule Turquie, dont l’offensive contre les milices kurdes syriennes [YPG], alors partenaires de la coalition internationale dans le combat contre l’État islamique [EI ou Daesh] avait conduit M. Macron à parler de « mort cérébrale de l’Otan » dans un entretien donné à l’hebdomadaire The Economist, en novembre 2019.

Depuis, les relations entre Paris et Ankara ne se sont guère réchauffées, surtout après qu’un navire militaire turc a illuminé la frégate française Courbet avec son radar de conduite de tir, lors d’une tentative de contrôle d’un cargo suspecté de violer l’embargo sur les armes imposé à la Libye. Puis, les activites turques dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et la République de Chypre n’ayant rien arrangé, de même que le soutien de la Turquie à l’Azerbaïdjan lors de la dernière du Haut-Karabakh.

Qui plus est, M. Macron a récemment mis en garde contre les « tentatives d’ingérence » turques dans la prochaine élection présidentielle française. « Nous trouvons que ces déclarations contraires à l’esprit d’amitié et d’alliance sont inadmissibles », a d’ailleurs répliqué Ankara.

L’autre sujet contentieux, qui ne concerne pas seulement la France mais aussi tous les autres membres de l’Otan, est l’achat par la Turquie de systèmes russes de défense aérienne S-400. Et ce n’est sans doute pas fini car le gouvernement turc envisage d’en commander d’autres… et même de se procurer des avions de combat auprès de Moscou.

Par ailleurs, le président français a également appelé à la « responsabilité des alliés », tant au niveau de leurs dépenses militaires que de leur engagement contre les organisations terroristes. « L’heure n’est pas à la dispersion des efforts mais à la responsabilité de chacun et à la coopération », a-t-il insisté, avant de plaider à nouveau pour une autonomie stratégique européenne. « Je sais que certains veulent encore voir les choses en termes de compétition, de jeu à sommes nulles. Je crois que ce logiciel est dépassé et les efforts que font les Européens viennent s’ajouter aux efforts de nos alliés américains », a-t-il dit.

De son coté, M. Stoltenberg a d’abord souligné que la « France est au coeur de l’Alliance atlantique, avec des troupes hautement qualifiées, des capacités de pointes […] et des investissements de défense importants, équivalents à 2% du PIB » [en raison de la chute du PIB provoquée par la pandémie de covid-19, ndlr]. Et, selon lui, le sommet de Bruxelles va être une « opportunité unique pour renforcer l’alliance entre l’Europe et l’Amérique de Nord ».

En outre, a poursuivi M. Stoltenberg, grâce à l’initiative Otan 2030, les Alliés « renforceront leur unité, avec « davantage de consultations sur toutes les questions qui affectent notre sécurité, une réaffirmation des valeurs fondamentales et un engagement renforcé en faveur de la défense collective. » Et il s’agira aussi « d’élargir notre approche de la sécurité, notamment en mettant l’accent sur la résilience, la technologie, le changement climatique et le maintien de l’ordre international fondé sur des règles », a-t-il dit.

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