Bientôt un avion électrique pour la formation des futurs pilotes de l’armée de l’Air & de l’Espace?

En ces temps où il n’est que question de transition énergétique, le ministère des Armées n’y coupera pas : de plus en plus, il devra réduire sa consommation d’énergies fossiles, ce qui passera, par exemple, par un recours accru aux véhicules « propres », c’est à dire dotés d’une motorisation hybride ou électrique.

S’agissant des aéronefs, qui réprésentent 50% du besoin énergétiques du ministère des Armées, la meilleure option actuellement disponible porte sur les biocarburants, dont la consommation devra atteindre 5% à l’horizon 2030, puis 50% d’ici à 2050. Et cela, afin d’atteindre la « neutralité carbone ». Pour les avions de combat et de transport, cette solution est, en l’état actuel des choses, la seule qui soit viable.

En revanche, pour les appareils de taille modeste, une propulsion électrique est possible. D’ailleurs, le constructeur slovène Pipistrel l’a démontré avec ses avions Alpha Électro et Velis Electro, ce dernier ayant obtenu une certification auprès de l’Agence européenne de la sécurité aérienne [AESA] en 2020.

Ces deux appareils légers sont destinés à la formation initiale des pilotes. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Fédération française aéronautique [FFA] s’y intéresse près. Depuis quelques mois, elle voler des Alpha Electro depuis Toussus-le-Noble. Ces appareils ont une autonomie d’une heure de vol [avec une réserve] et peuvent recharger leurs 126 kg de cellules lithium-Polymère [LiPo]en 45 minutes.

Quant au pilotage de ces appareils, il serait plus simple que ceux dotés de moteurs classiques. C’est, en tout cas, ce qu’a voulu vérifier le général Philippe Lavigne, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], à l’occasion d’un vol entre l’aérodrome de Toussus-le-Noble et la base aérienne 107 de Villacoublay [soit une dizaine de kilomètres de distance, ndlr], où l’attendaient des équipiers des Escadrilles air jeunesse [EAJ] d’Évreux.

« J’ai été impressionné par les performances de l’appareil, par son ergonomie et par son incroyable silence », a déclaré le général Lavigne, à l’issue d’un vol qui aura duré 40 minutes, le 19 mai. « Ce projet représente ainsi un laboratoire innovant qui intéresse l’ensemble de la communauté aéronautique, dont l’armée de l’Air et de l’Espace fait bien sûr pleinement partie. Et l’innovation est au cœur de l’ADN des Aviateurs », a-t-il ajouté.

Plus tard, évoquant la modernisation de la formation du personnel navigant de l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE], avec l’entrée en service du Pilatus PC-21 à Cognac, le général Lavigne a estimé que « l’avion électrique représentera très certainement un complément intéressant dans le syllabus de formation, tout en s’inscrivant dans la transition écologique » du ministère des Armées.

Pour le moment, l’aAE envisage de remplacer les Cirrus SR-20 et ses les Grob 120 qu’elle utilise pour la formation initiale de ses futurs pilotes et navigateurs par un seul appareil, dans le cadre d’une réforme visant à réduire encore le cursus de ces derniers.

Cette mesure se justifie notamment par le fait que, selon l’état-major de l’aAE, le Cirrus SR-20 « reste très limité dans ses évolutions dans la troisième dimension. La voltige, par exemple, n’est pas possible, ce qui n’est pas assez discriminant pour sélectionner et former les futurs pilotes de combat. » Et ce n’est probablement pas un avion électrique comme l’Alpha Électro ou le Velis Electro qui permettra d’y remédier… Du moins, pour le moment.

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