La Belgique n’engagera finalement pas de sous-groupement tactique au sein de la force Barkhane en 2021

En 2015, il était question d’une contribution de la composante terrestre de la Défense belge à la force française Barkhane. Finalement, Bruxelles préféra se concentrer sur la mission de l’Union européenne visant à former les forces armées maliennes [EUTM Mali] et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA] ainsi que sur l’opération New Nero, lancée en 2017 au Niger.

Cela étant, dans un exposé d’orientation politique remis aux députés belges en novembre 2020, l’idée d’une participation à l’opération Barkhane fut nouveau avancée. Un mois plus tard, lors de la présentation du plan d’opérations envisagé pour 2021 devant la commission de la Défense de la Chambre des représentants, l’état-major belge fit part de son intention de déployer un sous-groupe tactique d’armes combinées » [CATSG], fort de 250 soldats, au sein de la force française à partir d’octobre prochain.

Seulement, cette annonce fut accueillie avec scepticisme par plusieurs députés. Et la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder s’efforça de les rassurer. « J’entends qu’il ne faut pas se laisser aveugler par la France. Effectivement, ce n’est pas notre genre. À la Défense, chacun a une capacité de réflexion, nous sommes des gens raisonnés et raisonnables. Et on ne se laisse pas impressionner. Donc, il y aura toute une réflexion qui sera menée », assura-t-elle. Et d’ajouter que la décision serait prise en fonction des règles d’engagement et, surtout, des intérêts de la Belgique.

Aussi, la contribution belge aux opérations menées par la France au Sahel [et plus particulièrement au Mali] était donc loin d’être acquise, malgré le soutien de la Belgique au détachement de forces spéciales européennes Takuba, placé sous le commandement de Barkhane.

Et, une nouvelle fois, la Belgique passera son tour. En mars, le député belge Théo Francken, membre du parti nationaliste flamand N-VA, s’est ainsi fait rappeler à l’ordre pour avoir annoncé, via Twitter, qu’il n’y aurait pas de participation belge à la Force Barkhane en 2021. Il lui a en effet été reproché d’avoir « violé la confidentialité de la commission [de la Défense] » qui venait alors de se pencher sur les opérations menées par les forces belges, en présence de Mme Dedonder.

« Durant les séances de cette commission, des informations sensibles engageant la sécurité des opérations militaires et celle du personnel déployé sont transmises aux membres. Le huis clos et le caractère confidentiel de ce qui s’y dit est connu et s’applique à chacun des membres », a alors fait valoir la ministre belge. Et son cabinet a ensuite expliqué que l’indiscrétion prêtée à M. Francken pourrait avoir « des répercussions diplomatiques, car les Français n’étaient pas encore au courant de cette décision. »

Reste que, au-delà de ce réglement de compte politique, la Belgique n’engagera effectivement pas de sous-groupe tactique au sein de la force Barkhane en 2021. Cette décision a été officiellement confirmée le 19 mai, par Mme Dedonder, laquelle l’a justifié en mettant en avant « plusieurs facteurs », dont, selon le site belge « À l’avant garde!« , « la prolongation de l’opération Resolute Support en Afghanistan ainsi que la réorientation et le développement de nouvelles initiatives et formes de déploiement dans le cadre de la Coalition pour le Sahel. »

« Ces facteurs ont fait que le démarrage d’un nouveau déploiement à grande échelle en 2021 en combinaison avec les opérations en cours au pays et à l’étranger n’est actuellement pas faisable », a insisté la ministre belge, précisant que cette décision « n’a pas suscité de réactions négatives de la part de nos partenaires français », comme elle avait semblé le redouter après l’indiscrétion du député Francken.

Si les conditions ne permettent pas d’engager un sous-groupement tactique belge au Mali en 2021, qu’en sera-t-il l’an prochain? On devrait le savoir en novembre, quand un nouveau exposé d’orientation politique sera dévoilé.

Photo : Commandos belges au Niger © Défense belge

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