Indo-Pacifique : Les forces françaises, américaines et japonaises s’exercent à reprendre une île

ARC21. Tel est le nom des manoeuvres auxquelles participent les forces françaises, américaines et japonaises depuis le 11 mai au camp Ainoura [Sasebo], dans la préfecture de Nagasaki [Japon]. La Royal Australian Navy [RAN] doit également y prendre part avec la frégate HMAS Parramatta, quand débutera, à Kirishima [Kyushu] la seconde phase de ces exercices, laquelle consistera à mener un assaut amphibie dans la perspective de reprendre une île par la force.

Les moyens réunis pour ces manoeuvres sont relativement importants.

Ainsi, côté japonais, un sous-marin, le « destroyer porte-hélicoptères » JS Ise, les destroyers JS Ashigara, JS Asahi et JS Kongo ainsi que le navire d’assaut amphibie JS Osumi et les patrouilleurs bateaux lance-missiles JS Otaka et JS Shirataka seront mobilisés. De même que la nouvelle brigade de réaction rapide amphibie, des avions de combat F-2 et des hélicoptères [dont des CH-47 Chinook et AH-64 Apache].

La participation française repose sur les moyens de la mission Jeanne d’Arc 2021, à savoir la frégate légère furtive [FLF] Surcouf et le porte-hélicopères amphibie [PHA] Tonnerre, qui mettra à terre un détachement de la 6e Brigade légère blindée [BLB], comprenant notamment des éléments de la Légion étrangère et des Troupes de Marine.

Enfin, l’US Navy et l’US Marine Corps ont engagé le navire d’assaut amphibie USS New Orleans [classe San Antonio], des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon et des MV-22 Ospreys.

Cet exercice, inédit, vise à « approfondir la coopération militaire en matière de défense entre pays partageant les mêmes idées », a commenté Nobuo Kishi, le ministre japonais de la Défense. La France est « le seul pays européen avec une présence militaire permanente dans la région Indo-Pacifique » et « c’est aussi un pays qui partage avec le Japon la vision d’une région Indo-Pacifique libre et ouverte », a-t-il également souligné au sujet de la participation française à ARC 21.

Comme il est d’usage, il est dit qu’un tel exercice ne vise personne en particulier… Mais en réalité, il n’est question que de la Chine, dont les ambitions territoriales et les activités militaires dans la région ont été au centre de la conférence de presse donnée le 6 mai dernier par le ministère des Armées au sujet de la stratégie française en Indo-Pacifique.

En outre, en mer de Chine orientale, Pékin ne cesse de faire monter la pression autour des îles Senkaku, contrôlées par le Japon, en y envoyant régulièrement des navires de sa garde-côtière et/ou de sa milice maritime.

Cela étant, il reste à voir si les moyens mis en oeuvre pour l’exercice ARC21 suffiront pour reprendre un île passée sous contrôle chinois… Émanation du Quotidien du Peuple, le jounal du Parti communiste chinois [PCC], le Global Times a choisi d’ironiser.

« Les manoeuvres conjointes des troupes japonaises, américaines, françaises et australiennes, qui prétendent « dissuader la Chine », ne sont que symboliques et de peu d’importance militaire », écrit ce journal. D’autant plus que les « participants ont intérêts différents ou sont trop faibles. » Et d’insister : « L’Armée populaire de libération [APL] n’a même pas besoin de réagir de manière précise à cet exercice car il est insignifiant militairement. » On peut supposer que la « pique » s’adresse en particulier à la France étant donné que l’article souligne par la suite que les intérêts français dans la région concernent la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie et non la mer de Chine orientale.

Contrôlé par l’État chinois, le quotidien de langue anglaise China Daily a choisi un autre angle d’attaque. Considérant que les îles Senkaku appartiennent à Pékin, il estime que les manoeuvres ARC 21 ont une dimension « offensive » et non « défensive » comme l’affirme Tokyo. Aussi voit-il dans leur tenue la « mise en œuvre de la politique américaine de confrontation avec la Chine.

« Quelle que soit l’origine de la provocation dans le futur, que ce soit en mer de Chine orientale ou en mer de Chine méridionale, la Chine a, à la fois, la détermination et la capacité de défendre son intégrité territoriale et ses intérêts fondamentaux. Bien qu’elle soit attachée à la non-confrontation et qu’elle n’ait donc pas d’alliance, la Chine ne restera pas les bras croisés et ne permettra pas que son territoire soit empiété par d’autres ou que ses intérêts fondamentaux soient sapés », fait valoir le China Daily.

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