Le sud-coréen KAI dévoile le concept de son futur avion de transport

Normalement, un avion de transport est conçu pour acheminer du fret d’un point A à un point B, ainsi que pour prendre part à des opérations aéroportées [OAP]. Mais pas seulement. Ainsi, l’A330 MRTT « Phénix », conçu initialement pour le ravitaillement en vol, peut également assurer des missions de transport. Même chose pour le KC-130J Hercules.

Depuis quelques années, de nouveaux usages sont étudiés. Ainsi, et hormis le cas particulier des appareils de type « Gunship », il est question de doter des avions de transport tactique d’une capacité de frappe au sol. En France, le système SSA-1101 Gerfaut vise à permettre à un C-130H Hercules de tirer des armements air-sol modulaires [AASM] Hammer. Et, aux États-Unis, on imagine la possibilité de transformer ces appareils en bombardiers [programme CLEAVER, pour Cargo Launch Expendable Air Vehicles with Extended Range] ou en plateforme de lancement pour des drones et/ou des effecteurs connectés.

En un mot, les capacités d’un avion de transport pourraient, à l’avenir, aller au-delà de leurs missions traditionnelles. C’est, en tout cas, le voie empruntée par le constructeur sud-corée Korea Aerospace Industries [KAI].

En avril, cet industriel a confirmé son intention de s’attaquer au marché des avions de transport tactiques, avec un investissement de 2,7 milliards dollars sur sept ans pour développer un nouvel appareil. Le tout, avec le soutien de la DAPA, l’Administration des programmes d’acquisition de défense sud-coréenne. Dans un premier temps, il s’agit pour KAI de répondre à un besoin exprimé par la force aérienne sud-coréenne avant de s’attaquer au marché international.

« Le niveau technologique des avions de transport est inférieur à celui des avions de combat » et le « marché de leur maintenance est rentable », avait fait valoir un responsable de KAI auprès de Defense News, en novembre 2020.

En réalité, les ambitions de KAI semblent aller bien au-delà de la conception d’un avion militaire de transport. En témoigne le concept que l’industriel sud-coréen vient de dévoiler, en diffusant une vidéo sur les réseaux sociaux.

Premier point : l’avion de KAI ressemble beaucoup au KC-390 d’Embraer, ainsi qu’au Kawasaki C2 japonais et à l’Antonov AN-178 ukrainien. Tant au niveau de l’apparence que celui de la motorisation puisqu’il sera doté de deux réacteurs. Le second point est que, a priori, le constructeur sud-coréen entend en faire un avion multimissions.

En effet, selon la vidéo, ce nouvel avion ne se contentera pas de transporter du fret ou prendre part à des opération spéciales : doté d’une capacité de ravitaillement en vol, il pourrait être en mesure de lancer des drones en essaim, de mener des missions maritimes [avec la possibilité de mouiller des bouées acoustiques], d’effectuer des frappes au sol… et de lancer des missiles contre des satellites en orbite.

Cette dernière possibilité, s’agissant de la Corée du Sud, peut paraître étonnante, tant les capacités nord-coréennes dans le domaine spatiale sont limitées [à moins de considérer les satellites de la gamme Kwangmyŏngsŏng comme une menace…]. Par ailleurs, Séoul ne dispose pas, actuellement, d’armes anti-satellite.

En revanche, que ce nouvel avion de transport puisse être utilisé pour des missions de patrouille maritime est moins étonnant : le vice-président de KAI, Ryu Kwang-su, avait en effet évoqué cette possibilité auprès de l’agence de presse Yonhap, l’idée étant de pouvoir être en mesure de remplacer les P-3C Orion des forces sud-coréennes.

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