Directeur de la DRSD, le général Bucquet donne des précisions sur la présence de néonazis au sein des armées

En mars dernier, le site Mediapart a affirmé avoir identifié une cinquantaine de militaires ayant affiché leur adhésion à l’idéologie nazie sur les réseaux sociaux. Et le média d’évoquer, images à l’appui, l’existence d’une « filière néonazie au sein de l’armée française ».

Le ministère des Armées a immédiatement réagi à cette affirmation en ordonnant une enquête interne. Il y a une « tolérance absolument zéro vis-à-vis de toutes les idéologies nauséabondes et extrémistes », a ensuite fait valoir Hervé Grandjean, son porte-parole. « Sur les quelques cas qui ont été révélés et si les faits sont avérés, les sanctions seront évidemment très lourdes », a-t-il assuré.

Et d’ajouter : « Nous faisons un travail avant chaque recrutement pour prévenir les incrustions de ce type au sein du ministère des Armées. Aucun dispositif de détection n’est infaillible, mais nous faisons tout pour que les mailles du filet soient les plus étroites possibles et qu’aucun cas de ce type ne puisse s’insérer dans les rangs des armées. »

Ce travail est assuré par la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense [DRSD] qui, parmi ses missions, a la charge de veiller à empêcher toute infilitration d’éléments indésirables au sein des forces françaises. Cela concerne aussi bien l’ultra-droite que l’ultra-gauche ainsi que, bien évidemment, la mouvance jihadiste.

« En 2020, nous […] avons mené 311.000 [enquêtes administratives]. Nous passons au crible nos propres agents, ainsi que les personnels militaires et civils du ministère des armées et les personnels des entreprises contractantes ayant accès à des informations classifiées », a ainsi expliqué le général Éric Bucquet, le chef de la DRSD, lors d’une audition à l’Assemblée nationale [le compte-rendu vient d’être publié].

S’agissant des candidats à un recrutement, la DRSD procède donc à une « enquête initiale de sécurité », dont l’objet est de « vérifier qu’il s’agit de personnes loyales envers le drapeau et la République. »

Si une telle « enquête conclut à la possibilité d’un recrutement, la personne est jugée apte pour le service et nous ne le suivons plus s’il ne fait pas l’objet d’une procédure ou de nouvelle demande d’habilitation. Il faut que quelqu’un fasse un signalement pour que nous puissions intervenir ultérieurement », a continué le général Bucquet.

Interrogé sur les révélations de Mediapart, ce dernier a précisé que sur la cinquantaine de « néonazis » identifiés, « quarante-deux appartenaient à la Légion étrangère, qui effectue son propre recrutement à l’aide d’un service dédié ». Et dans le lot, « tous ne sont plus en activité », a-t-il ajouté, assurant que des « sanctions ont été prises » et que « le problème est en cours de traitement. »

Cela étant, a rappelé le général Bucquet, « la Légion étrangère offre à certains une deuxième chance. Certaines des personnes engagées antérieurement dans cette mouvance n’ont eu aucune activité en la matière depuis qu’elles ont rejoint l’armée. » Aussi, a-t-il conclu, les « assertions de Mediapart ne sont donc pas toutes confirmées par la Légion étrangère. »

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