Su-25 cloués au sol, maintenance compliquée des F-16… La force aérienne irakienne fait face à de nombreux défis

Ces derniers jours, dans le nord de l’Irak, l’État islamique [EI ou Daesh] a mené une série d’attaques dans la province de Kirkouk, notamment contre les forces armées, la police et les champs de pétrole. Au point que cette région, écrit le quotidien Al-Araby Al-Jadid, est « sous tension sécuritaire ». Dans le même temps, les milices chiites continuent de viser régulièrement les bases abritant des militaires américains, comme celle de Balad, où est basé le 9e escadron de la force aérienne irakienne, doté de chasseurs-bombardiers F-16.

Justement, cette menace persistante a conduit, le trimestre dernier, à évacuer le personnel civil américain affecté à Balad pour assurer le maintien en condition opérationnelle des F-16 commandés par Bagdad en 2011.

Ce n’est pas la première que cela arrive : l’an dernier, il en avait été fait de même en raison de la combinaison de « menaces régionales avec la pandémie de covid-19 », rappelle un rapport de l’Inspection générale du Pentagone, publié la semaine passée [.pdf]. Conséquence : les F-16 irakiens n’avaient pas assuré de missions de combat entre avril et septembre 2020, mois à partir duquel les sous-traitants firent leur retour à Balad.

La situation s’était ensuite progressivement améliorée. Durant les trois premiers mois de cette année, avance le document, les F-16IQ ont ainsi effectué 299 sorties [contre 267 l’an passé, à pareille époque].

Actuellement, des techniciens ont fait leur retour à Balad… mais pour combien de temps? En effet, la Defense Intelligence Agency [DIA, renseignement militaire américain, ndlr] a estimé, en mars, que les « tactiques employées par les milices [chiites] suggèrent qu’elle planifient peut-être davantage d’attaques ». Cette évaluation n’a pas été démentie par les faits : en avril, la base de Balad a été visée à quatre reprise. Et elle l’a été une nouvelle fois le 5 mai, avec trois roquettes tombées dans un secteur occupé par la société américaine Sallyport Global, chargée du soutien des F-16 irakiens dans le cadre d’un contrat de 400 millions de dollars, attribué en 2018.

Au-delà du MCO des F-16 basés à Balad, le soutien des avions d’attaque Su-25 Frogfoot irakiens est quant à lui dans une impasse. En 2014, Bagdad reçut plusieurs appareils de ce type, cédés par la Russie, la Biélorussie et l’Iran. Selon le rapport de l’Inspection général du Pentagone, le souci est que ces derniers n’ont pas prendre les airs au cours du premier trimestre 2021 à cause d’un défaut d’approvisionnement en pièces détachées et d’un manque de financement…

En outre, la flotte d’avions légers d’attaque L-159 Alca, acquis auprès du tchèque Aero Vodochody, peut, en théorie, reprendre les vols. Pour autant, affirme le rapport, elle n’est pas encore prête à mener des missions opérationnelles, les pilotes devant a priori repasser leurs qualifications pour des assurer des frappes aériennes.

Par ailleurs, s’agissant des missions de renseignement, indispensables pour suivre les mouvements de l’EI, la force aérienne irakienne n’est pour le moment plus en mesure de faire voler ses drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] CH-4, de facture chinoise. Comme pour les Su-25, l’approvisionnement en pièces détachées n’est pas assuré. Seulement, cela fait déjà un moment que cette situation dure, la Chine se faisant tirer l’oreille pour livrer les composants manquants : d’après l’état-major de la coalition internationale [CJTF-OIR], le dernier vol d’un tel appareil remonte à septembre 2019. Et sur les 20 exemplaires livrés à Bagdad, 8 se sont écrasés.

Enfin, toujours d’après le rapport de l’Inspection générale du Pentagone, il apparaît que l’utilisation des drones tactiques ScanEagle mis en oeuvre par les forces terrestres irakiennes est limité à cause « d’interférences électromagnétiques ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]