Le groupe aéronaval du porte-avions Charles de Gaulle mis dans une « bulle d’opacité » pendant 48 heures

Alors qu’il vient d’achever la première phase de la mission Clemenceau 21 après avoir assuré le commandement de la Task Force 50 de l’US Navy, pris part à l’opération Chammal [avec 50 sorties de ses avions embarqués au-dessus du théâtre irako-syrien] ainsi qu’aux manoeuvres navales franco-indiennes Varuna, le groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle s’est récemment livré à un exercice un peu particulier, qui n’est sans rappeler le film « Nimitz, retour vers l’enfer ».

Pour ceux qui ne l’ont pas vu, ce film imagine que, après une tempête électromagnétique, le porte-avions nucléaire USS Nimitz se retrouve avec des F-14 Tomcat en plein milieu du Pacifique, peu avant l’attaque de Pearl Harbor, en 1941.

Ainsi, fin avril, le groupe aéronaval a conduit l’entraînement « Back to the 80s' » [Retour dans les années 1980] alors qu’il se trouvait dans l’océan Indien. Le scénario? Mener une frappe vers la terre en s’appuyer sur les technologies utilisées il y a près de 40 ans, c’est à dire en ayant recours aux liaisons radios en lieu et place des télécommunications par satellite.

En clair, tous les réseaux à bord des navires du GAN [internet, intranet, téléphone, etc] ont été coupés pendant 48 heures, les communications vers l’extérieur se faisant uniquement via des liaisons radio à haute fréquence. On parle alors de « bulle d’opacité ».

« Plus contraignant qu’une liaison satellite, ce dispositif, qui s’appuie sur des centres-relais sur le territoire métropolitain, outre-mer et à l’étranger, présente néanmoins plusieurs avantages : il s’agit d’une technologie qui reste fiable, discrète et résistante au brouillage », explique la Marine nationale.

L’objectif d’un tel exercice est de préparer le Charles de Gaulle et son escorte à une possible perte des signaux satellites provoquée, par exemple, par une action hostile dans l’espace. Ce qui est désormais un scénario probable… D’où la nécessité de vérifier la résilience du GAN, et donc sa capacité à continuer sa mission en « mode dégradé ».

Visiblement, ce retour dans le passé a été une réussite. « Malgré la bulle d’isolement, les bâtiments et les aéronefs du groupe aéronaval ont suivi leur manœuvre, la liaison avec les états-majors a été maintenue et la frappe simulée a atteint sa cible », se félicite la Marine.

À noter que, toujours à la fin du mois dernier, l’escorte du Charles de Gaulle a été temporairement renforcée par la frégate indienne INS Tarkash, laquelle a notamment contribué à établir la situation tactique du groupe aéronaval.

Enfin, le 1er mai, les marins du GAN n’auront pas « coincé la bulle » puisque, ce jour-là, des Rafale Marine, dotés de missiles SCALP, ont effectué un exercice de tir longue portée au large de Djibouti, tout en ayant à franchir une bulle de protection aérienne fournie par la frégate multimissions [FREMM] Provence. La frégate de défense aérienne [FDA] Chevalier Paul a également pris part à cet exercice, qui aura permis au « groupe aérien embarqué de travailler sa capacité de frappe dans la profondeur, sous menace A2AD [anti et déni d’accés], et aux bâtiments du GAN de se coordonner dans les domaines de la lutte antisurface et antiaérienne. »

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