La réforme du maintien en condition opérationnelle des aéronefs produit des résultats encourageants

« Il faut que ça vole », avait lancé Florence Parly, la ministre des Armées, lors de la présentation de la réforme du Maintien en condition opérationnelle aéronautique [MCO-Aéro], reposant sur un rapport rendu par l’ingénieur général hors classe de l’armement Christian Chabbert. Et la situation, à l’époque, n’était guère reluisante, notamment s’agissant des hélicoptères, malgré les efforts jusqu’alors consentis.

Cette réforme a notemment conduit au remplacement de la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense [SIMMAD] par la Direction de la Maintenance aéronautiques [DMAé] en avril 2018. Placée sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées [CEMA], cette structure est notamment chargée d’élaborer la stratégie du MCO Aéro, en vue d’accroître sensiblement la disponibilité des aéronefs à un coût maîtrisé.

L’un des premiers chantiers de cette DMAé, alors dirigée par l’ingénieur général hors classe de l’armement [IGHCA] Monique Legrand-Larroche, a été de simplifier la chaîne du MCO Aéro en notifiant des contrats dits « verticalisés ». En clair, il s’agit de regrouper tous les marchés relatifs à la maintenance d’un type d’aéronef en un seul et de le confier à un industriel unique, en lui assignant des objectifs de disponibilité.

La situation qui prévalait jusqu’en 2017 était ubuesque… Ainsi, le MCO des hélicoptères Cougar était couvert par 26 marchés différents, pour une disponibilité moyenne de 6,6 appareils sur une flotte qui en comptait alors 26.

Trois ans après sa création, la DMAé a donc fait un premier bilan de son action. Et, visiblement, la réforme dont elle est issue porte ses fruits, même si tous les types d’aéronefs [il y en a 44 en service, qui plus est de générations différentes], n’ont pas encore fait l’objet d’un contrat verticalisé. Ainsi, le pourcentage deshélicoptères Cougar/Caracal disponibles, qui était d’environ 25% en 2017, est désormais de 45%.

Quant aux hélicoptères Fennec utilisés par l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] pour la formation de ses pilotes, la DMAé indique qu’ils ont pu assurer 5.000 heures de vol en 2020. Soit deux fois plus par rapport à 2017. Entre-temps, la maintenance de cette flotte a été confiée à Heli Dax, via un contrat verticalisé attribué en janvier 2019. Au passage, le coût d’une heure de vol est passé de 3.500 à 1.800 euros…

En outre, en février 2020, 70 avions Rafale étaient disponibles [sur une flotte de 102 exemplaires]. Un an plus tard, et alors que Dassault Aviation s’est vu notifié le contrat RAVEL [RAfale VErticalisé], ils sont 82 à être immédiatement prêts à l’emploi. Un autre chiffre spéctaculaire concerne les avions de patrouille maritime Atlantique 2 : en 2015, la durée des « grandes visites »  était de 42 mois : elle est désormais de 20 mois, grâce à une « optimisation des chantiers de maintenance », souligne la DMAé.

Cependant, il reste encore quelques situations compliquées même si les résultats sont encourageants. Comme pour les avions de transport A400M « Atlas ». Sur la dizaine d’exemplaires livrés, seulement trois étaient disponibles en 2017… Et six le sont en moyenne en 2021, alors que la flotte en compte désormais 18 unités. Quant aux hélicoptères d’attaque Tigre, la disponibilité s’améliore lentement, passant de 26% en 2017 à 31% trois ans plus tard.

Jusqu’à présent, 11 contrats « verticalisés » ont été notifiés. Et la DMAé entend en attribuer une quinzaine d’autres en 2021 et en 2022. « Pour amplifier les effets de ces nouveaux contrats, plusieurs plateaux permanents État-industrie ont été mis en place. Ils permettent un échange d’information quotidien entre les différents partenaires [forces, DGA, industriels étatique et privés…], garantissent la coordination des actions et accélèrent le processus décisionnel », précise-t-elle.

L’amélioration de la disponibilité passe également par la mise en oeuvre de nouvelles technologies. Comme l’impression 3D par exemple, dans le cadre du projet « FABASE ». Un Rafale Marine, embarqué à bord du porte-avions Charles de Gaulle, a d’ailleurs volé avec un boîtier de commande de vidange des réservoirs de carburant fabriqué par un tel moyen.

Mais l’un des chantiers importants que mène actuellement la DMAé est sa transformation numérique, via le programme BRASIDAS, récemment confié par la Direction générale de l’armement [DGA] à Sopra Steria. Il s’agit de rationaliser « plus de 80 systèmes d’informations et outils logistiques hétéroclites actuels », explique-t-elle.

Photo : Marine nationale

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