Le Délégué général pour l’armement espère une convergence entre le Tempest britannique et le SCAF

Alors que les industriels impliqués dans le programme SCAF [Système de combat aérient du futur] ont fini par s’entendre sur le partage des tâches et les questions de propriété intellectuelle – ce qui n’a pas été sans mal, Dassault Aviation étant allé jusqu’à évoquer une « plan B » en cas d’échec – il revient maintenant aux États [France, Allemagne et Espagne, ndlr] de se mettre d’accord pour lancer la phase 1B du projet, c’est à dire celle qui permettra le développement d’un démonstateur.

Le 20 avril, recevant son homologue allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer, la ministre française des Armées, Florence Parly, avait affirmé qu’il fallait trouver cet accord d’ici le 1er mai. Ce qui n’a pas été le cas.

« Nous avons quelques jours de retard » mais « j’ai bon espoir que dans les jours qui viennent nous aurons conclu cet accord. Nous sommes sur la bonne voie », a toutefois assuré Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], à l’antenne de BFM Business, ce 3 mai.

« Il faut passer à l’accord étatique entre nos trois pays coopérants, en particulier sur un certain nombre de clauses qui méritent quelques discussions complémentaires », a insisté M. Barre, sans donner de précision au sujet des points de friction qu’il reste à régler. Cela étant, une porte-parole du ministère allemand de la Défense a confié à l’agence Reuters, le 1er mai, que les discussions bloquaient sur la question des droits de propriété intellectuelle.

« Un accord sur l’utilisation des droits de propriété intellectuelle n’a pas encore été trouvé. Pour l’Allemagne, un accès sans restriction à la recherche financée conjointement est de la plus grande importance », a-t-elle en effet affirmé, précisant que l’objectif de Berlin reste de soumettre l’accord à la commission des Finances du Bundestag en juin prochain, c’est à dire avant les élections générales qui auront lieu à l’automne. Et rien ne garantit que les députés allemands voteront les crédits nécessaires au lancement de la phase 1B…

Quoi qu’il en soit, M. Barre a fermé la porte à un cavalier seul de la France, comme ce fut le cas avec le Rafale.

« À ce stade, le Rafale s’en sort très bien. Il a eu des succès à l’exportation […] Ceci étant, je pense quand même que les choses évoluent. D’une part, il faut construire l’Europe de la défense et l’Europe de l’armement en est évidemment une déclinaison, les systèmes de combat […] sont de plus en plus complexes, dont de plus en plus chers, de plus en plus lourds et difficiles à développer. Donc je crois que la sécurité de notre pays et la défense de la France reposent quand même sur cette stratégie de coopération que le président Macron et le gouvernement nous ont demandé d’impulser dès 2017 », a fait valoir le DGA.

Cela étant, si la concurrence entre le Rafale et l’Eurofighter a pu être inélectable, il risque de se produire la même chose pour le SCAF, le Royaume-Uni ayant lancé un programme similaire, le Tempest, en partenariat avec l’Italie et la Suède. Et cela, alors que Paris et Londres avaient lancé une coopération en 2014 dans le domaine de l’aviation de combat du futur.

Les projets SCAF et Tempest, menés selon deux approches différentes [le second fait appel à l’ingéniérie numérique, concept qui laisse M. Barre dubitatif…], ont-ils vocation à se rejoindre à un moment donné? Le DGA l’espère.

« Nous poursuivons avec les Britanniques un programme a minima de coopération technologique pour préparer le futur de l’aviation de combat. Nous sommes l’un et l’autre en phase de conception, je pense que dans les années qui viennent, les choses pourront peut-être évoluer », a en effet estimé Joël Barre. « En tout cas, de notre côté me semble-t-il, la porte est ouverte. Si nous pouvons un jour rapprocher les deux projets d’avions de combat qui existent aujourd’hui à l’échelle européenne, ce sera quand même une bonne chose », a-t-il conclu.

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