Vers un essai imminent de l’arme hypersonique française V-MAX ou du missile balistique M51.3?

En juin 2020, le sous-marin nucléaire lanceur d’engins [SNLE] Le Téméraire a lancé avec succès un missile balistique M51.2 depuis la pointe de Penmarc’h [Finistère]. Quatre zones ayant fait l’objet d’avertissements à la navigation avaient été préalablement définies. Les trois premières étaient celles où un étage de l’engin devait tomber à l’eau. Quant à la dernière, elle correspondait à l’impact terminal.

Or, le 27 avril, les avertissements de navigation HYDROLANT 1140-1121 et NAVAREA IV 337/21 sont entrés en vigueur pour une période de trois semaines. Et comme pour le tir du SNLE Le Téméraire, ils définissement quatre zones dans lesquelles il sera potentiellement dangereux de naviguer jusqu’au 21 mai prochain. Mais les similitudes s’arrêtent là.

En effet, selon la carte établie par le site SatTrackCam Leiden, qui a fait état de l’existence de ces deux avertissements de navigation, la première zone correspond au site de la Direction générale de l’armement [DGA] « Essais de missiles » implanté à Biscarrosse. Et si les deux suivantes semblent caractériser la trajectoire d’un missile balistique, la dernière, située au nord des Bermudes, s’en écarte nettement. Ce qui suggère qu’un engin sera libéré du missile qui sera a priori lancé.

La DGA étant très discrète sur ses intentions, deux hypothèses peuvent être avancées pour expliquer la diffusion de ces deux avertissements. La première est que la DGA Essais de missiles s’apprêterait à effectuer un test du VMA-X, la première arme hypersonique française.

En janvier 2019, la ministre des Armées, Florence Parly, avait annoncé la notification d’un contrat concernant un « démonstrateur de planeur hypersonique ». Et d’ajouter : « Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvons plus attendre. » Et il était question d’aller vite puisqu’un premier vol était alors attendu pour 2021.

Depuis, la DGA a attribué un contrat à ArianeGroup, qui devait alors s’appuyer sur « les recherches de l’ONERA [Office national d’études et de recherches aérospatiales] pour réaliser un prototype de planeur hypersonique à l’horizon de 2021 ». Dans les colonnes du quotidien Les Échos, le Délégué général pour l’armement, Joël Barre, avait ensuite précisé que, « envoyé par une fusée sonde, le planeur non propulsé doit rebondir sur les couches de l’atmosphère à une vitesse supérieur à Mach 5″.

En outre, M. Barre avait également expliqué que ce premier démonstrateur allait servir à évaluer les capacités d’une telle technologie. « Maîtriser la manoeuvrabilité à très grande vitesse dans des couches de la basse atmosphère exige d’inventer un nouveau système de guidage et de trouver de nouveaux matériaux résistant à la chaleur, ce qui pose d’immenses défis », fit-il valoir.

Cela étant, la seconde hypothèse est qu’il pourrait s’agir d’un essai du missile M51.3, dernière évolution du M51 dont le développement a commencé en 2014. D’une portée plus longue de plusieurs centaines de kilomètres, cet engin disposera d’un troisième étage amélioré afin de pouvoir déjouer les futures capacités en matière de défense antimissile. Pour rappel, il doit entrer en dotation au sein de la Force océanique stratégique [FOST] à partir de 2025.

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