Le ministère sud-coréen de la Défense lance le développement d’un blindé 6×6 robotisé

Dans son roman « Oussama », publié en 2010, l’écrivain de science-fiction Norman Spinrad avait imaginé des combants impliquant des essaims de drones ainsi que des blindés autonomes chargés de surveiller, et surtout de protéger, des installations pétrolières avec une efficacité redoutable. Plus de dix après, la prophétie de l’auteur américain est en passe de se réaliser.

Ainsi, par exemple, en 2019, la DARPA, l’agence du Pentagone dédiée à l’innovation, a effectué une démonstration avec un essaim de drones aériens et terrestres, dans le cadre de son programme OFFSET [pour OFFensive Swarm-Enabled Tactics ou tactiques offensives en essaim], l’objectif étant de développer une capacité pour appuyer les unités d’infanterie. D’autres pays suivent cette voie, comme la France, le Royaume-Uni, la Chine et l’Inde, en adoptant des approches et des concepts différents.

S’agissant des blindés robotisés, les projets ne manquent pas. L’allemand Rheinmetall ainsi développé le « Multi Mission Unmanned Ground Vehicle », un engin doté d’une mitrailleuse de 12,7 mm et de lance-roquettes Panzefaust 3. Aux États-Unis, Textron a récemment dévoilé le Ripsaw M5, un robot chenillé d’une dizaine de tonnes et pouvant mettre en oeuvre un drone aérien Skyraider.

En Russie, il est question de mettre au point une version sans équipage du char T-14 Armata. Même chose en Chine, où des expériences allant dans ce sens ont été réalisées avec le T-59. Et Israël n’est pas en reste, avec les robots RoBattle, AvantGuard et Guardium, ce dernier étant relativement imposant dans la mesure où son gabarit est le même qu’une Jeep J8. Enfin, au sein de l’Union européenne, le projet MUGS a été retenu au titre de la Coopération structurée permanente.

Cela étant, la Corée du Sud est l’un des pays les plus en pointe en matière de robotique militaire. Il a d’ailleurs le premier à déployer le Samsung Techwin SGR-A1, un système d’armes létales autonome [SALA] afin de remplacer les sentinelles. Qui plus est, l’université sud-coréenne KAIST a été critiquée, il y a quelques temps, pour avoir ouvert un laboratoire cherchant à utiliser l’intelligence artificielle pour développer des « robots tueurs ».

Mais en matière de blindés robotisés, la DAPA, l’agence du ministère sud-coréen chargée des acquisitions et des technologies, a donné son feu au développement d’un véhicule 6×6 « sans pilote, à la pointe de la technologie », à l’issue de plusieurs années de « recherches préliminaires ».

Cette nouvelle plateforme, dont la réalisation a été confiée à Hanwha Defence, sera « équipée d’équipements de surveillance basés sur l’intelligence artificielle et de technologies de conduite autonome » afin de lui donner la capacité de « mener diverses missions de recherche, de surveillance et de protection » dans des zones dangereuses, a expliqué la DAPA, le 22 avril.

« Au cours de la période de recherche, nous avons sécurisé des technologies clés en fabriquant un prototype et en effectuant des tests de performance », a commenté un responsable de la DAPA. « On s’attend à ce que ce véhicule minimise les dommages potentiels aux militaires et augmente les capacités de combat de nos forces blindées », a-t-il ajouté.

De son côté, Hanwha Defence a précisé que ce véhicule, pouvant être autonome ou piloté à distance, sera conçu pour « mener des missions de reconnaissance, de désignation d’objectifs et de combat ». Pour cela, il pourra être armée d’un mitrailleuse.

La DAPA espère pouvoir achever le développement de ce blindé robotisé d’ici 2027, afin de pouvoir ensuite le mettre en service au sein des forces armées sud-coréennes. Mais selon Hanwha Defence, les essais sur le terrain réalisés en 2020 et en février dernier ont montré que le démonstrateur « répondait suffisamment aux exigences opérationnelles clés pour être déployé dans l’armée. »

Photo : Blindé 6×6 robotisé avec son véhicule de contrôle

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