Les États-Unis vont envoyer des renforts en Afghanistan pour protéger le retrait des forces de l’Otan

Un retrait en bon ordre d’une force armée est toujours délicat. Et l’histoire militaire montre qu’une manoeuvre mal préparée peut conduire à un désastre, comme celui que connut le 44th Regiment of Foot britannique en janvier 1842, lors de son repli de Kaboul vers Jalalabad.

Aussi, alors que les forces engagées dans la mission Resolute Support, conduite par l’Otan, s’apprêtent à quitter l’Afghanistan, toutes les précautions seront prises, à l’image de ce qui a récemment été fait avec l’opération Octave Quartz, laquelle a couvert le redéploiement de 700 militaires jusqu’alors affectés en Somalie pour entraîner les troupes locales face aux milices jihadistes des shebab, liées à al-Qaïda. Cette dernière a mobilisé le porte-avions USS Nimitz ainsi que le navire d’assaut amphibie USS Makin Island et le 15th Marine Expeditionary Unit [MEU].

Selon l’agence Reuters, des responsables du Pentagone souhaiteraient disposer de moyens similaires pour le retrait des troupes de l’Otan d’Afghanistan. Un telle demande a en effet a été adressée à Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, lequel ne l’a pas encore approuvée.

En tout cas, le général Kenneth McKenzie, le chef de l’US CENTCOM, le commandement militaire pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, a confirmé que des renforts seraient temporairement envoyés en Afghanistan pour assurer la protection du retrait des forces occidentales. Outre les 2.500 militaires américains encore présents dans le pays, le retrait annoncé par le président Biden va également concerner les 7.000 autres soldats de la mission Resolute Support et… plus de 16.000 sous-traitants civils.

« Nous enverrons des ressources supplémentaires pour protéger la force pendant son départ », a en effet affirmé le général McKenzie, lors d’une audition au Sénat, le 22 avril. « Je ne veux pas rentrer dans les détails de ces opérations maintenant, mais nous aurons des capacités supplémentaires et je suis convaincu qu’avec nos partenaires de la coalition, nous parviendrons à nous extraire », a-t-il ajouté.

Cela étant, et alors que le niveau des violences en Afghanistan demeure élevé, avec 30 à 50 soldats et policiers afghans tués chaque jour au combat, le général McKenzie ne s’est pas montré très optimiste sur la capacité des forces de sécurité afghanes à faire face aux talibans. Ce qui est évidemment de nature à compliquer le retrait.

« Je m’inquiète pour la capacité de l’armée afghane à tenir le contrôle du territoire qu’ils contrôlent actuellement sans le soutien auquel ils se sont habitués depuis de nombreuses années », a ainsi déclaré le chef de l’US CENTCOM. En clair, elle ne pourra plus compter sur le renseignement et l’appui que lui fournissent actuellement les forces américaines.

Un autre sujet est la capacité de la force aérienne afghane à assurer la maintenance de ses aéronefs, dont les avions d’attaque légers A-29 Super Tucano et les hélicoptères UH-60 Black Hawk [censés remplacer les rustiques Mi-17 de conception russe, ndlr], après le départ des sous-traitants civils.

« Je m’inquiète donc pour la capacité de l’armée afghane à tenir bon après notre départ, et plus particulièrement pour la capacité de la force aérienne afghane à voler », a insisté le général McKenzie.

Pour autant, l’officier américain garde espoir. « Nous devons attendre et voir comme cela va se passer. […] Je ne peux pas prédire l’avenir. Je ne sais pas comment cela va se passer. Nous ferons certainement tout ce qui est en notre pouvoir pour aider nos partenaires afghans après notre départ », a-t-il dit, plus tard, devant des journalistes.

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