Un camp des forces ivoiriennes visé par une mystérieuse attaque au nord d’Abidjan

À quelle organisation appartenaient les hommes armés qui, dans la nuit du 20 au 21 avril, ont attaqué le camp militaire de N’Doré, situé dans la commune d’Abobo, au nord d’Abidjan? Et pour quelle raison? Pour le moment, ces questions n’ont pas encore de réponses.

Ainsi, il était environ 1h du matin quand une vingtaine d’hommes armés, arrivés à bord d’un véhicule de type 4×4 et de minibus, ont ouvert le feu sur le poste de garde de ce camp militaire, qui a la particularité d’abriter le 2nd bataillon projetable des forces armées ivoiriennes [FANC], régulièrement sollicité pour prendre part aux opérations des Nations unies.

Seulement, a explique le général Lassina Doumbia, le chef d’état-major général des armées ivoiriennes, la « réaction immédiate des sentinelles de faction a donné lieu à des échanges de tirs nourris, obligeant les assaillants à prendre la fuite ». Ces derniers ont cependant laissé quatre des leurs derrière eux, dont trois tués et un prisonnier.

« Des opérations militaires de ratissage ont été engagées sur le terrain et se poursuivent. La situation sécuritaire reste sous contrôle », a ensuite précisé le général Doumbia.

Selon des sources sécuritaires citées par l’AFP, les FANC avaient été placée en alete, le 20 avril, sur « l’ensemble du territoire national », en raison d’un risque « d’actions subversives ».

Cette attaque contre la base de N’Doré a été menée environ trois semaines après celles qui ont visé le camp militaire de Kafolo et le poste de gendarmerie de Kolobougou, dans le nord du pays, près de la frontière avec le Burkina Faso. Ces deux assauts avaient été attribués à la mouvance jihadiste, laquelle s’est déjà aventurée près d’Abidjan, avec l’attentat de Grand Bassam, revendiqué en 2016 par al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI].

En outre, le 12 avril dernier, toujours dans la région de Kafolo, un engin explosif improvisé [IED ou EEI] a explosé au passage d’un véhicule de la gendarmerie ivoirienne, sans faire de victime. Étant donné que, au-delà de la base de N’Doré, c’est surtout une unité habituée des missions de l’ONU, comme au Mali, qui a été visée, la piste jihadiste paraît crédible.

Par ailleurs, il est possible aussi que cette attaque ait un lien avec le contexte politique ivoirien, même si les tensions liées à la réélection du président Alassane Ouattara sont retombées et que les dernières élections législatives se sont déroulées dans le calme. Et les appels à la rébellion générale lancés par Guillaume Soro, advesaire résolu du pouvoir en place, sont même restés sans effet.

Cela étant, les documents retrouvés sur les corps des trois assaillants tués lors de l’attaque [et qui ne portaient pas de treillis] laissent perplexe… Et ne confirment aucune des deux précédentes hyopthèses. On peut en voir certains dans une vidéo publiée sur la page Facebook des forces ivoiriennes. Ainsi, parmi les papiers en question figurent des contrats, non signés, émis par un certain « Boka », a priori pour le compte d’une entreprise appelée ALCI. D’après les conversations des militaires ivoiriens, les trois individus tués possédaient des passeports libériens. L’identité de deux d’entre-eux ont ainsi été révélées : il s’agirait de « Kannah Jimmy » et de « Rinkins Bedell »

Pour rappel, la Côte d’Ivoire occupe une place très importante dans le dispositif militaire français en Afrique de l’Ouest. Le pays abrite en effet plus de 900 militaires français, lequels sont affectés à base opérationnelle avancée [BOA] qui constitue une plateforme « stratégique et logistique majeure sur la façade ouest-africaine », grâce au port en eau profonde d’Abidjan.

Photo : Soldats ivoiriens / Archive

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]