Le Pentagone veut garder des troupes près de l’Afghanistan pour d’éventuelles opérations anti-terroristes

Comme le président Biden l’a annoncé la semaine passée, les troupes américaines, ainsi que celles de la mission « Resolute Support » de l’Otan, devront avoir quitter l’Afghanistan d’ici le 11 septembre prochain. Et il n’est même pas question d’y conserver le moindre détachement pour mener d’éventuelles opérations contre al-Qaïda.

Selon l’accord conclu de Doha, conclu en février 2020, le mouvement taleb afghan s’est engagé à empêcher les organisations terroristes présentes dans les territoires qu’il contrôle de s’en prendre aux États-Unis et à leurs alliés… Alors même qu’al-Qaïda continue d’entretenir des relations avec les talibans.

Aussi, le Pentagone nourrit quelques doutes sur la volonté du mouvement taleb à tenir ses engagements… D’où les propos tenus par le général Kenneth McKenzie, le chef de l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient, lors d’une audition parlementaire, le 20 avril.

« Nous nous préparons actuellement à poursuivre nos opérations antiterroristes dans la région, pour nous assurer que les organisations extrémistes violentes qui luttent pour leur survie dans l’arrière-pays afghan restent en permanence sous pression et sous surveillance », a en effet affirmé le général McKenzie. Cela concerne évidemment al-Qaïda… mais également la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique [EI-K] ainsi que d’autres formations jihadistes, comme par exemple le Lashkar e-Taïba [LeT] ou le Mouvement islamique d’Ouzbékistan [MIO].

Seulement, sans implantation en Afghanistan, l’US CENTCOM doit trouver des points de chute dans la région.

« Nous allons passer en revue tous les pays de la région, nos diplomates entreront en contact avec eux et nous discuterons des endroits où nous pourrions positionner ces ressources », a ajouté le général McKenzie. « À ce jour, nous n’avons aucun accord de ce type en place », a-t-il ajouté.

L’entreprise s’annonce difficile dans la mesure où les pays susceptibles d’accueillir des troupes américaines ne sont pas nombreux. Le Pakistan? Compliqué… en raison de la dégradation des relations entre Islamabad et Washington, de son rôle trouble dans la région et de ses liens avec la Chine. L’Iran? Totalement exclu. Le Tadjikistan? Peu de chance que Douchambé accepte, d’autant plus que le pays accueille déjà des forces russes.

L’Ouzbekistan pourrait être sollicité, comme il le fut en 2002, quand il donna son accord pour permettre aux forces américaines d’utiliser la base aérienne de Karshi-Khanabad en échange de garanties sur sa sécurité. Mais après les troubles d’Andijan et les critiques adressées par Washington à Tachkent, l’accord fut dénoncé. En tout cas, politiquement, cela s’annonce compliqué. Il resterait donc le Turkmenistan… qui a le statut de nation neutre et qui, par ailleurs, essaie d’avoir de bonnes relations avec son voisin, l’Iran.

On verra donc quelles seront les options que le général McKenzie présentera à Lloyd Austin, le chef du Pentagone. Ce qui devrait être fait d’ici la fin avril.

En outre, pour des opérations de contre-terrorisme, il faut être en capacité de collecter du renseignement. Or, « quand nous aurons quitté le pays et que nous n’aurons plus cet écosystème que nous avons actuellement, […] ce ne sera pas impossible mais ce sera difficile », a estimé le chef de l’US CENTCOM. Un constat déjà fait avant lui par William Burns, le patron de la CIA. « Quand les militaires américains se retireront, la capacité du gouvernement à collecter des informations et de contrer les menaces va diminuer », avait-il en effet prévenu.

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