Iran accuse Israël d’être à l’origine d’une nouvelle attaque contre le complexe nucléaire de Natanz

La semaine passée, à Vienne, de nouvelles discussions ont eu lieu au sujet de la réintégration des États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien [PAGC pour Plan d’action global commun ou Joint Comprehensive Plan of Action – JCPoA], que le président Trump avait quitté en mai 2018, avant de rétablir les sanctions américaines contre Téhéran. Et cela alors que l’Iran s’affranchit de certains de ses engagements, comme avec son intention annoncée de produire de l’uranium enrichi à 20%, alors qu’un taux de 3,5% est suffisant pour des applications civiles.

Visiblement, les négociations ont été encourageantes, à en croire les États parties à cet accord, dont la France, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine et l’Allemagne. Et les diplomates ont même parlé d’une « dynamique positive ».

Le 9 avril, les États-Unis ont fait savoir qu’ils venaient de faire des « propositions très sérieuses ». Pour un responsable américain, cité par l’AFP, « la question est de savoir si l’Iran a la volonté de […] choisir la même approche pragmatique que celle de Washington pour se conformer de nouveau à ses obligations prévues par l’accord. »

Pour rappel, l’Iran exige la levée des sanctions américaines avant de se conformer à nouveau à ses obligations. Or, « ce n’est qu’après avoir vérifié » la levée des sanctions que l’Iran sera « prêt à mettre fin à ses mesures correctives et à revenir à la pleine application du PAGC », a rappelé Abbas Araghchi, le chef de la délégation iranienne.

Quoi qu’il en soit, c’est dans ce contexte que, à l’occasion de la « Journée nationale de la technologie nucléaire », le 10 avril, le président iranien Hassan Rohani, a inauguré de nouvelles capacités d’enrichissement d’uranium sur le site de Natanz, avec la mise en service de 164 centrafigeuses modernisées et dont l’utilisation est pourtant proscrite par le PAGC. Et ces dernières ont donc commencé à être alimentées en uranium gazeux.

Seulement, le lendemain, et alors que le chef du Pentagone, Lloyd Austin, se trouvait en Israël pour une visite de travail de deux jours, les autorités iraniennes ont indiqué qu’un « accident » s’était produit « dans une partie du réseau électrique de l’installation d’enrichissement de Chahid-Ahmadi-Rochan », c’est à dire sur le site de Natanz.

« Il y a une panne de courant […] mais nous n’en connaissons pas la cause », a déclaré, dans un premier temps, Behrouz Kamalvandi, le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique [OIEA]. Et d’ajouter : « Heureusement, nous n’avons eu ni morts, ni blessés, ni pollution. Il n’y a pas de problèmes particuliers. L’accident fait l’objet d’une enquête. »

Puis, dans un second temps, le directeur de l’OIEA, Ali-Akbar Saléh, a évoqué un sabotage, sans plus de détails. « La République islamique d’Iran, tout en condamnant cette action futile, souligne la nécessité pour la communauté internationale et l’Agence internationale de l’énergie atomique de faire face à ce terrorisme antinucléaire », a-t-il dit. L’Iran « continuera également de poursuivre sérieusement l’expansion de la technologie nucléaire d’une part et ses efforts pour lever les sanctions cruelles d’autre part, afin de contrecarrer les objectifs des commanditaires de cet acte terroriste », a-t-il conclu.

Si le chef de l’OIEA s’est gardé d’accuser qui que ce soit, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Saïd Khatibzadeh, a accusé, ce 12 avril, Israël d’être derrière cet « accident » ayant affecté le site de Natanz. Et de promettre une « vengeance » qui arrivera « en temps et en heure ».

« Avec cette action, le régime sioniste [Israël est désigné ainsi à Téhéran, ndlr] a bien sûr essayé de se venger du peuple iranien pour la patience et la sagesse dont il a fait preuve [en attendant] la levée des sanctions » américaines, a aussi affirmé M. Khatibzadeh.

En outre, a-t-il continué, il est encore « trop tôt » pour établir un bilan des dégâts causés par cette « attaque », qui, a priori, a visé des centrifugeuses servant à enrichir l’uranium. Mais selon le reponsable iranien, celles qui ont été mises en service le 10 avril auraient été épargnées.

« Si [l’attaque] visait à limiter la capacité nucléaire de l’Iran, je dirais en revanche, que toutes les centrifugeuses qui [ont été endommagées]étaient du type IR-1 », soit de première génération, a dit le porte-parole. « Faites savoir à tout le monde qu’elles seront assurément remplacées par des machines plus avancées », a-t-il assuré.

Le site nucléaire de Natanz a été visé à plusieurs reprises au cours de ces dernières années. Ce fut le cas en 2010, avec la cyberattaque commise avec le virus STUXNET qui, développé par la NSA américaine et l’unité 8200 israélienne, s’en était pris aux systèmes de contrôle industriels SCADA.

Puis, en juillet 2020, le complexe nucléaire avait été victime d’un incendie, lequel causa des dégâts « susceptibles de ralentir le plan de développement et de production de [centrifugeuses] avancées. » Les autorités iraniennes parlèrent d’un « sabotage ». À l’époque, plusieurs sites sensibles, liés pour certains au programme nucléaire iranien, avaient été visés par de mystérieuses explosions pour lesquelles Israël fut soupçonné.

Photo : Centrifugeuses [exemple / archive]

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