Mali/Barkhane : Le Danemark envisage de renforcer le groupement européen de forces spéciales « Takuba »

En janvier 2013, les pays européens qui apportèrent un soutien à l’opération française Serval, lancée pour chasser les groupes jihadistes des villes qu’ils occupaient dans le nord du Mali et les empêcher de progresser vers Bamako, pouvaient se compter sur les doigts d’une main. Le Royaume-Uni engagea des moyens, notamment dans le domaine du transport et du renseignement, de même que la Belgique [avec deux hélicoptères A109 pour les évacuations médicales] et le Danemark [avec un C-130 Hercules].

« On ne peut pas dire que la France est toute seule [mais] il y a des absences qui sont un peu regrettables, c’est-à-dire qu’on peut constater en Europe une mobilisation un peu minimale », avait alors commenté Alain Vidalies, ministre des Relations avec le Parlement à l’époque.

Si, par la suite, plusieurs pays européens finirent par s’engager au Mali en contribuant, parfois significativement, à la mission EUTM Mali et à la MINUSMA [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali], il n’était pas pour autant question d’envoyer leurs troupes au combat, aux côtés des forces françaises.

Cela étant, l’Estonie franchit ce pas en engageant un détachement d’infanterie à Gao, sous commandement français. Puis le Royaume-Uni décida d’accentuer son soutien à l’opération Barkhane en mettant à disposition trois précieux hélicoptères de transport lourd [HTL] CH-47 Chinook. Puis, en 2019, le Danemark en fit de même, avec deux EH-101 Merlin, pour une durée d’un an.

Depuis, d’autres pays européens ont décidé de rejoindre l’opération Barkhane, via le groupement de forces spéciales « Takuba », dont la mission consiste d’accompagner au combat les Unités légères de reconnaissance et d’intervention des forces armées maliennes [FAMa]. Tel est le cas de la République tchèque, de la Suède et de l’Italie [l’Estonie a été de la partie dès le lancement de cette initative française, ndlr]. D’autres y songent, comme la Grèce, le Portugal ou encore la Hongrie.

Quoi qu’il en soit, ce groupement de forces spéciales devrait être renforcé au début de l’année 2022 par l’arrivée de commandos danois. En effet, ce 8 avril, le Danemark a fait part de son intention d’engager une centaine de membres de ses forces spéciales au sein de Takuba.

« La menace qu’incarnent les organisations État islamique et al-Qaïda demeure importante. Elles veulent créer une oasis en Afrique de l’Ouest pour y imposer leur régime extrémiste. Ce serait une grave menace pour la sécurité. Cela ne doit pas arriver. C’est la raison pour laquelle le Danemark renforce à présent ses efforts avec des forces d’opérations spéciales et des avions de transport, tout comme il poursuit ses efforts diplomatiques et ses actions humanitaires ciblées », a fait valoir Jeppe Kofod, le ministre danois des Affaires étrangères.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec nos alliés européens et nos partenaires locaux pour combattre les groupes terroristes et renforcer la stabilité dans la région » et les « empêcher de faire du Sahel un refuge pour leur régime de terreur et de violence », a insisté le chef de la diplomatie danoise.

Dans son communiqué, le gouvernement danois rappelle que le Danemark soutient « les efforts militaires internationaux au Mali et dans la région du Sahel au sens large » depuis 2012, avec notamment des avions de transport, des hélicoptères et des contributions à la MINUSMA.

Cet engagement au sein de Takuba n’est cependant pas encore certain. Il devra en effet faire d’une résolution qui sera soumise à l’approbation du « Folketing » [Parlement].

Pour rappel, le groupement Takuba a atteint sa peine capacité opérationnelle la semaine passée. « Cette étape est majeure d’un point de vue tactique et opérationnel, il s’agit également d’un symbole fort : des militaires européens combattent ensemble au Sahel contre les groupes armés terroristes », avait alors souligné le ministère des Armées.

Photo : Forces spéciales danoises

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