Tensions avec la Russie : Washington affirme son « soutien indéfectible » à l’intégrité territoriale de l’Ukraine

L’Ukraine n’a nullement renoncé à récupérer les territoires qu’elle a perdus en 2014. Cela concerne évidemment le Donbass, en état de sécession car en partie contrôlé par des rebelles pro-russes, mais aussi et surtout la Crimée, annexée par la Russie et qualifiée par l’ONU de « territoire temporairement occupé ». À cette fin, Kiev a élaboré une « plateforme pour la Crimée ».

Dans un décret signé le 11 mars par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, il est affirmé que l’Ukraine « ne reconnaît pas l’acquisition obligatoire ou automatique » de la citoyenneté russe par les ressortissants ukrainiens « vivant dans le territoire temporairement occupé » par la Russie, la considérant « comme un acte de coercition contre les citoyens ukrainiens et une violation du droit international humanitaire. »

En outre, Kiev estime justement que la Russie et son « administration d’occupation violent systématiquement les droits de l’homme et les libertés fondamentales ». Or, dans le décret signé par M. Zelensky, il est dit que l’Ukraine « se réserve le droit de recourir à tous les moyens » nécessaires pour protéger les droits et libertés, l’indépendance, sa souveraineté et son intégrité territoriale », conformément à l’article 51 de la Charte des Nations unies.

Ce décret du président Zelensky explique-t-il les importants mouvements de troupes russes oberservés ces derniers jours à la frontière russo-ukrainienne, en Crimée et voire en Biélorussie? Mouvements qui se font alors que la situation dans le Donbass tend à nouveau à se dégrader, avec des violations sans cesse plus nombreuses de l’énième accord de cessez-le-feu, négocié entré en juillet 2020. Qui plus est, les séparatistes semblent avoir obtenu de nouveaux équipements, dont, dernièrement, des pick-up armés de type UAZ Patriot.

Le 1er avril, le renseignement militaire ukrainien a accusé la Russie de préparer « l’entrée » de ses « forces armées régulières » dans le Donbasss, estimant que ces dernières pourraient même « tenter de pénétrer plus loin dans le territoire ukrainien. » À Kiev, un haut responsable a affirmé que les « Russes étaient en train de travailler sur la compatibilité de leurs forces avec celles des séparatistes. » Et d’ajouter : « Leurs unités militaires seront prêtes à attaquer dès la mi-avril. »

Un autre responsable ukrainien, Roman Machovets, a suggéré la planification de « manoeuvres militaires et de patrouilles aériennes conjointes » avec l’Otan afin de « stabiliser la situation dans la région. » Mais pour le moment, on n’en est pas encore là, même si le Pentagone a fait savoir qu’il avait placé ses forces présentes en Europe au niveau d’alerte « Crise imminente potentielle ». Et Washington a mis en garde Moscou contre « tout acte agressif » à l’égard de Kiev.

« La démonstration de force sous forme d’exercices militaires et de possibles provocations le long de la frontière constituent l’occupation traditionnelle de la Russie », a par ailleurs affirmé le président ukrainien.

Justement, le 2 avril, le le ministère russe de la Défense a annoncé la tenue d’exercices militaires dans la région de Koursk, non loin de la frontière ukrainienne. En tout, 15.000 soldats s’entraîneront à « la guerre électronique et la défense antiaérienne afin de se protéger contre les frappes de drones. » Ce qui n’est pas anodin quand on sait que Kiev a commandé à Ankara des drones Bayraktar TB2, qui ont fait la preuve de leur efficacité en Libye et, plus récemment, au Haut-Karabakh.

Quoi qu’il en soit, à Moscou, on accuse l’Ukraine de chercher la confrontation. « Nous exprimons notre inquiétude face aux tensions croissantes et au fait que, sous une forme ou une autre, la partie ukrainienne puisse prendre des mesures conduisant à la guerre. Nous ne voulons vraiment pas voir cela », a ainsi déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, le 1er avril.

Le président Poutine « l’a dit il n’y a pas longtemps, mais cette déclaration est toujours d’actualité : ceux qui essaieraient de déclencher une nouvelle guerre dans le Donbass détruiront l’Ukraine », a, de son côté, averti Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe.

En tout cas, le 2 avril le Kremlin a assuré que la Russie prendait « toutes les mesures nécessaires » en cas d’ingérence militaire occidentale en Ukraine. Or, Washington a une nouvelle fois promis son soutien « indéfectible » à Kiev, à l’occasion du premier échange téléphonique entre les président Biden et Zelensky.

« Le président Biden a affirmé le soutien indéfectible des États-Unis à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine face à l’agression de la Russie dans le Donbass et en Crimée », a fait savoir la Maison Blanche, via un communiqué. Et M. Biden a également fait part de sa volonté de « revitaliser » le partenariat stratégique entre Washington et Kiev, soulignant que les réformes entreprises par son homologue ukrainien contre la corruption étaient « cruciales pour les aspirations euro-atlantiques de l’Ukraine », c’est à dire pour admission au sein de l’Otan.

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