Sahel : Le groupement européen de forces spéciales « Takuba » a atteint sa pleine capacité opérationnelle

En juin 2019, lors d’un déplacement au 4e Régiment d’hélicoptères de forces spéciales [RHFS], la ministre des Armées, Florence Parly, avait appelé les pays européens à s’engager au Sahel aux côtés de la France en mobilisant leurs forces spéciales pour accompagner les armées locales au combat contre les groupes armés terroristes.

Ce projet fut ensuite précisé en novembre de la même année, lors d’une visite de Mme Parly à Gao. « Nous avons décidé de créer une unité de forces spéciales européenne. Dès 2020, les forces spéciales françaises aux côtés des forces spéciales de nos partenaires européens seront déployées au Mali pour transmettre leur savoir-faire d’exception aux militaires maliens », avait-elle expliqué, avant d’annoncer que cette unité s’appellerait « Takuba » [« sabre » en tamachek].

Seulement, il restait alors le plus difficile à faire : convaincre les Européens de participer à Takuba, groupement devant être placé sous le commandement de la force française Barkhane. Si cette iniatitive reçut, en mars 2020, le soutien politique de neuf autres pays européens [Allemagne, Belgique, Danemark, Estonie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, République tchèque, Royaume-Uni et Suède], peu s’engagèrent à envoyer leurs forces spéciales au Sahel.

Cependant, l’Estonie fut la première à se déclarer prête à le faire. Puis la République tchèque et la Suède en firent autant, à la condition d’avoir l’accord préalable de leur Parlement. Ce qui prit un peu de temps… Toujours est-il que, en juillet 2020, la capacité opérationnelle initiale [IOC] de Takuba fut prononcée à Gao, grâce à l’arrivée des commandos estoniens. Ce qui permit au groupement européen de forces spéciales de participer à ses premières missions aux côtés de l’Unité légère de reconnaissance et d’intervention n°4 des Forces armées maliennes [FAMa], notamment lors des opérations Bourrasque [octobre 2020] et Éclipse [janvier 2021].

Dans le même temps, les forces spéciales tchéques et suédoises [avec 3 hélicoptères UH-60 Black Hawk] commencèrent à se déployer au Mali. Et l’Italie annonça une participation significative à Takuba, avec 200 commandos et 8 hélicoptères [ dont 4 NH-90 et 4 AH-129D Mangusta] devant être affectés à Ansongo. D’autres pays, comme la Grèce, le Portugal ou encore la Hongrie évoquèrent leur participation.

Il était espéré de voir le groupement Takuba atteindre sa pleine capacité opérationnelle [FOC, pour « Full Operational Capability »] à l’automne 2020. Mais en raison du temps pris pour réunir les contributions, cet objectif fut reporté au début de l’année 2021.

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en novembre 2020, le général Stéphane Mille, sous-chef « Opérations » à l’État-major des armées [EMA], afffirma que Takuba atteindrait sa pleine capacité opérationnelle « à l’été 2021 ». Et d’ajouter : « Nous aurons alors un vrai dispositif reposant sur une Task Force associant des Français, des Estoniens, des Tchèques et des Suédois. Cela témoigne de la volonté de nos partenaires européens de s’engager dans la zone. Cela donne lieu également à beaucoup de discussions sur l’organisation et les moyens attendus. Les hélicoptères et le soutien médical sont des capacités critiques ; ils sont indispensables pour des engagements de combat. »

Visiblement, le général Mille aura été très prudent sur le calendrier… Car, ce 1er avril, Mme Parly se trouve au Mali, avec ses homologues estonien [Kalle Laanet] et tchèque [Lubomir Metnar] pour prononcer « la pleine capacité opérationnelle de la Task Force Takuba ». L’annonce en a été faite par le ministère des Armées.

« Cette déclaration marquera officiellement le fait que cette Task Force européenne est pleinement en mesure de conduire ses opérations au sein de l’opération Barkhane. Cette étape est majeure d’un point de vue tactique et opérationnel, il s’agit également d’un symbole fort : des militaires européens combattent ensemble au Sahel contre les groupes armés terroristes », souligne le ministère, pour qui ce déplacement, « dans un format rare car regroupant plusieurs ministres européens, témoigne de l’implication grandissante des Européens pour la stabilité du Sahel ainsi que leur détermination à poursuivre le combat face aux groupes armés terroristes aux côtés du Mali. »

Photo : EMA

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