Manille envoie des avions de combat surveiller la flottille chinoise amarrée au récif Julian Felipe

Jusqu’à présent, les 12 avions de combat FA-50 « Golden Eagle » acquis en 2015 par les Philippines auprès du constructeur sud-coréen KAI ont essentiellement été sollicités pour effectuer des frappes contre des positions tenus par des groupes jihadistes et la rébellion communiste dans le sud de l’archipel.

Désormais, ces appareils sont engagés dans une mission d’une toute autre nature : surveiller les 180 à 200 navires de pêches qui, soupçonnés d’appartenir à la milice maritime chinoise, sont actuellement ancrés près du récif Whitsun [ou « Julian Felipe »], situé au sud-ouest de l’archipel Spratley, à 320 km de l’île philippine de Palawan. L’annonce en a été faite le 27 mars, par Delfin Lorenzana, le ministre philippin de la Défense.

Les avions militaires philippins sont « envoyés quotidiennement pour surveiller la situation », a-t-il en effet déclaré, via un communiqué publié une semaine après celui dénonçant la présence de la flottille chinoise près du récif en question. Présence qui avait été constatée dès le 7 mars, mais qui probablement, est beaucoup plus ancienne.

« Nos moyens aériens et maritimes sont prêts à protéger notre souveraineté et nos droits souverains », a poursuivi le ministre philippin. « Nous sommes prêts à défendre notre souveraineté nationale et à protéger les ressources marines des Philippines. Il y aura une présence accrue de navires de la marine et de la garde côtière pour effectuer des patrouilles de souveraineté et protéger nos pêcheurs dans la mer des Philippines occidentale », a-t-il également ajouté.

« J’assure notre peuple que nous nous attaquons à la situation. Nous maintenons notre position appelant au retrait immédiat des navires chinois du récif Julian Felipe », a conclu M. Lorenzana.

Le KAI F/A-50 Golden Eagle est un avion de combat léger supersonique [pouvant voler à Mach 1,4], disposant d’un rayon d’action d’environ 1.800 km. Il est doté d’un canon A-50 de 20 mm et peut emporter des missiles air-air AIM-9 Sidewinder, des missiles air-sol AGM-65 Maverick ainsi que des roquettes Hydra et des bombes guidées [Mk82, 83, 84, CBU-58]. Il a également la capacité de mettre en oeuvre des nacelles de reconnaissance et de guerre électronique.

Les F/A-50 philippins sont en service au sein du 7e escadron de chasse « Bulldogs », installé sur la base aérienne Cesar Basa, près de Manille.

Pour rappel, la Chine nie l’appartenance de ces navires de pêche à sa milice maritime tout en faisant valoir que le récif « Julian Felipe », qu’elle appelle « Niú è jiāo », fait partie de l’archipel Nansha [nom chinois des îles Spraleys, ndlr], qui « fait partie » de son territoire.

Quoi qu’il en soit, l’annonce du ministre philippin a été critiquée par le Global Times, journal proche du Parti communiste chinois [PCC]. « Les survols quotidiens effectués par des avions de chasse philippins au-dessus de bateaux de pêche chinois s’abritant des intempéries près d’un récif chinois dans la mer de Chine méridionale sont inappropriés et pourraient enflammer les tensions et provoquer des accidents », a-t-il prévenu, ce 29 mars, en citant des « experts militaires chinois ».

« Les Philippines devraient agir avec retenue et ne pas envoyer d’avions ou de navires de guerre pour perturber les activités normales […] de navires de pêche chinois, ce qui pourrait attiser les tensions entre les deux pays », a estimé l’un d’eux. D’autant plus que, a-t-il ajouté, les « manœuvres de vol à très basse altitude pourraient également être difficiles pour les pilotes car ils risquent de s’écraser. »

Par ailleurs, Manille a également l’intention d’évoquer la question des constructions sur le récif de Subi [ou Zamora] qui, contrôlé par la Chine, est situé à 13 nautiques de l’île philippine de Pag Asa [ou Thitu], qui abrite une base militaire.

À l’origine, il s’agit d’un atoll fermé, n’émergeant qu’à marée basse. Or, à partir de 2014, Pékin l’a transformé en île artificielle pour faire une base aéronavale, avec une piste aéronautique de 3000 mètres.

Photo : Gil Nartea/Malacanang Photo Bureau

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