Le déclenchement intempestif du système d’éjection d’un bombardier russe Tu-22M3 fait trois tués

Un siège éjectable dit « zéro zéro » permet à un pilote de s’extraire de son avion en cas de défaillance à l’atterrissage ou au décollage, c’est à dire à altitude et à vitesse nulles. Pour cela, des moteurs fusées sont placés sous le baquet, afin de propulser le siège à une hauteur suffisante pour ouvrir le parachute principal.

Un tel dispositif aurait pu sauver la vie de trois des quatre membres de l’équipage d’un bombardier stratégique russe Tu-22M3 « Backfire ». En effet, le 23 mars, alors que ce dernier venait de démarrer ses réacteurs et se préparait à décoller depuis la base aérienne de Chaïkovka [située dans région de Kalouga, au centre de la Russie], le dispostif d’éjection s’est déclenché inopinément.

« Lors de la préparation au sol prévue du vol Tu-22M3 à l’aérodrome de la région de Kalouga, un fonctionnement anormal du système d’éjection s’est produit. En raison d’une altitude insuffisante pour l’ouverture des parachutes, trois membres de l’équipage ont été mortellement blessés suite à leur chute », a en effet annoncé le ministère russe de la Défense.

Selon les médias russes, le colonel Vadim Beloslyudtsev, le commandant du 52e Régiment de bombardiers lourds, auquel appartenait ce Tu-22M3 fait partie des victimes. Quant au quatrième membre de l’équipage, qui a miraculeusement survécu, il a été hospitalisé dans un état qui n’a cependant pas été précisé. Par ailleurs, on ignore s’il est resté à bord de l’appareil ou s’il en a été éjecté.

Une commission d’enquête a été envoyée sur place. En attendant, un officier pilote russe, cité par Sputnik, a livré une première hypothèse. « Les Tu-22M3 sont dotés d’un bouton d’éjection forcée, ce qui permet au pilote de faire éjecter tout l’équipage. Il peut être utilisé en cas d’extrême urgence, par exemple en cas de chute de l’avion. Peut-être que quelqu’un a appuyé dessus », a-t-il en effet expliqué.

L’éjection simultanée de tous les membres de l’équipage ne peut être que décidée par le commandant de bord du bombardier. Pour cela, il lui faut lever un capuchon qui protège un interrupteur à bascule pour la déclencher.

Le déclencement intempestif du système d’éjection est certes rare. Toutefois, ces dernières années, plusieurs incidents de ce type ont été signalés avec des Su-30 MKI de la force aérienne indienne. Mais les sièges éjectables de ces appareils ne sont évidemment pas les mêmes que ceux d’un Tu-22M, ces derniers étant des modèles « KT-1M« , conçus par Tupolev.

Quoi qu’il en soit, les médias russes ont rapporté que le Tu-22M3 n’emportait pas d’armement pour la mission qu’il devait assurer. A priori, ayant subi des dégâts limités, ce bombardier pourrait être rapidement remis en service.

Pour rappel, le Tu-22M3 [code Otan : Backfire C] a entamé sa carrière opérationnelle en 1981. Pouvant emporter 12 tonnes de munitions [dont des missiles nucléaires Kh-15] et voler à une vitesse supersonique [2000 km/h], il a un rayon d’action de 6.800 km. Le dernier accident mortel ayant impliqué un appareil de ce type remonte à décembre 2019.

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