Berlin prévoit de moderniser ses batteries de défense aérienne Patriot et fait de la lutte anti-drones une priorité

En matière de défense antimissile, l’Allemagne prend son temps. Lancé en 1995 sous l’égide de NATO MEADS Management Agency [NAMEADSMA] et confié à Lockheed-Martin ainsi qu’à MBDA Allemagne et MBDA Italie, le programme « Multinational Extended Air Defense System » [MEADS] devait constituer l’épine dorsale des capacités de défense aérienne de la Bundeswehr.

Seulement, ce programme connut des aléas. En 2011, estimant qu’ils n’avaient guère besoin d’un tel système, les États-Unis se retirèrent du programme… mais tout en continuant à le financer pendant les deux années suivantes, les coûts de résiliation étant trop importants par rapport à ce qu’aurait coûté leur maintien dans ce projet. Ce qui permit de continuer à financer le développement d’un radar de surveillance à 360° censé équiper le MEADS.

Après un temps d’incertitude, Berlin confirma, en 2015, son intention d’acquérir un tel système, dans le cadre de son programme TLVS [Taktisches Luftverteidigungssystem, ndlr]. Dans le même temps, Lockheed-Martin et MBDA Deutschland créérent une filiale commune – TLVS GmbH – afin de gérer au mieux le développement du MEADs, de réduire les risques et d’affiner l’offre qu’ils s’apprêtait à faire au gouvernement allemand. « Cette initiative ouvre la voie à la signature [d’un contrat] en 2019 », avait souligné, à l’époque, le ministère allemand de la Défense.

Et, depuis, le dossier est toujours bloqué… Et il risque de ne jamais aboutir. En effet, le 23 mars, et s’il n’a pas officiellement acté la décision de mettre un terme au programme TLVS, le ministère allemand de la Défense a fait une « proposition technique » relative à l’avenir des capacités de défense aérienne de la Bundeswehr.

Ainsi, il envisage de moderniser les batteries Patriot à partir de 2023, afin de « garantir, dans un premier temps, les capacités existantes en matière de défense antimissile jusqu’en 2030 ». Puis, dans un second temps, « d’ici 2026 au plus tard, de nouvelles capacités en matière de défense aérienne mobile et de défense contre les drones seront développées », a-t-il poursuivi.

Et cela, dans le cadre du programme LVS NNbs [Luftverteidigungssystems für den Nah- und Nächstbereichsschutz].
En clair, il s’agit de remplacer le système anti-aérien Ocelot qui monté sur un blindé Wiesel 2 armé de missiles Stinger, est « obsolète, et insuffisant tant sur le plan qualitatif que quantitatif. »

Le ministère allemand a justifié cette orientaton en soulignant le potentiel d’un tel programme en terme de coopération européenne. D’autant plus que, pour rappel, l’Allemagne et les Pays-Bas font cause commune en matière de systèmes terrestres de défense aérienne et anti-aérienne, le Flugabwehrraketengruppe 61 étant placé depuis 2018 sous le commandement du Dutch Defence Ground-based Air Defense Command [DGLC], dans le cadre du programme Apollo.

Par ailleurs, dans une étude qu’elle vient de mener, la Bundeswehr estime que les « les couches d’interception de la défense aérienne [défense antimissile, défense aérienne et défense contre les drones] doivent être fusionnées en un système global efficace et développées davantage », l’objectif étant de « préserver et de moderniser progressivement l’ensemble du système terrestre de défense aérienne ».

La modernisation des batteries Patriot de la Bundeswehr ne devrait a priori pas permettre à cette dernière de disposer d’une capacité de couverture à 360°, comme elle aurait pu l’avoir avec le MEADS.

Probablement qu’il s’agit d’une solution provisoire, dans l’attente de la concrétisation du projet TWISTER [Timely Warning and Interception with Space-based TheatER surveillance] qui, conduit par la France dans le cadre de la coopération structurée permanente [CSP/PESCO], vise à développer un système anti-missile reposant sur un intercepteur multi-rôle endo-atmosphérique, devant être en mesure de contrer les menaces émergentes [comme les armes hypersoniques]. L’Allemagne et les Pays-Bas y participent, comme l’Italie, l’Espagne et la Finlande.

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